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 Madame de Beaumont ▲ à la guerre, je dis oui. 
Rose de Beaumont
Rose de Beaumont
Lasombra
✝ Date d'inscription : 22/04/2013
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✝ Points : 60
✝ Âge Réel : 208 ans
✝ Âge Apparent : 30 ans
✝ Statut : Célibataire
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Mes Disciplines
Génération: 11e
Mes Disciplines:

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Madame de Beaumont ▲ à la guerre, je dis oui. EmptyLun 22 Avr - 20:41




• Rose de Beaumont •

Dès mon départ, je suis resté des heures à contempler le ciel sombre qui se déchirait à l'intérieur, des heures à tout me repasser, à l'image d'un vieux film inépuisable, où un ralenti est un rêve venant se poser sur la réalité présente, un moment où l'éternité, le drame et la beauté deviennent palpables, des morceaux d'enfer et de paradis visibles à l'oeil nu.

My Identity
• Nom : De Beaumont
• Prénom(s) : Rose
• Âge : 208 ans
• Métier : Ductus
• Origines : Française et allemande
• Âge apparent: 30 ans
• Date d’Étreinte: été 1835

• Génération : 11e génération
• Infant de : Francesco Tiberi Contigliano
• Sire de : personne

• Disciplines :
Domination : ••
Obténébration : •••••
Présence : •••
• Coterie ou Meute : Meute des princes noirs

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My Appearance
Vous pensez que les vampires sont ce genre d'êtres incroyablement classes naturellement et pourtant doublés d'un instinct sanguinaire effrayant ? Vous avez toujours visualisé cette créature de rêve aux crocs acérés allongée dans son canapé de cuir blanc, se vautrant dans des fourrures immaculées en caressant du bout des doigts le crâne d'une panthère noire, une coupe de cristal pleine de liquide rouge qu'elle porterait à ses lèvres vermeilles ? Ne cherchez plus, le cliché est devenu réalité il y a de cela 208 ans.
Rose n'a jamais voulu le cacher, elle est une de ces beautés qui ne passent pas de mode, une beauté éternelle comme avait l'habitude de le dire son ami Paul Poiret et il avait doublement raison. Ses cheveux blond cendré tombent en ondulations régulières sur ses épaules. Elle apprécie de les relever dans des chignons élaborées réalisées par ses goules les plus talentueuses pour les soirées mondaines qu'elle prend la peine d'organiser dans son immense villa au Nord de Londres. Sa peau est claire sans pour autant être pâle. Seul un grain de beauté vient faire une ombre à ce tableau laiteux, à la naissance de son sein gauche, d'un brun profond et uniforme qui lui a souvent valu des compliments de la part des plus coquettes femmes italiennes du XIXe siècle.
Quant à sa taille, elle n'est ni grande ni petite, dans la norme dirons-nous. Son port de tête pourtant la distingue des femmes ordinaires, parfaitement droit, un des nombreux bienfaits de son éducation aristocratique. Madame de Beaumont aime faire son effet quand elle entre dans un événement mondain. Ses robes et ses parures ont fait d'elle une référence de la mode vampirique au travers des siècles, déteignant aisément sur le monde des mortels bien que moins explicitement qu'envers ses semblables immortels. Elle ne sort jamais sans s'être maquillée, bien que très légèrement, ne cherchant qu'à mettre en valeur cette beauté que la malédiction de Caïn a figé pour toujours. Mais ne vous fiez pas à son sourire poli quand les crocs sont si aisément de sortie.

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My Mind
Rose ne garde de la douceur de la fleur que le nom. Si de son vivant, elle était connue pour son innocence, sa fraîcheur et sa joie de vivre, sa non-vie a laissé une femme amère, violente et dénuée de pitié envers les mortels. Sa vanité n'est un secret pour personne, peut-être l'une des raisons qui poussa Francisco de Contigliano à la choisir pour Infante. Son reflet lui manque mais pas assez pour être la cause de son amertume.
Ductus de la meute des Princes Noirs, elle n'hésite pas à sévir quand quelque chose ne lui convient pas, se salissant les mains quand cela est nécessaire. Les vampires non invités à ses fêtes de sang la considèrent comme une femme froide, capable du pire et considérant le meilleur comme un mot inutile, égaré dans le dictionnaire. Son sourire se fait alors rare et ses prunelles claires vous glacent avant de vous incendier. Mais plus que sa colère, mieux vaut-il craindre son hypocrisie. En parfaite manipulatrice, elle sera à même de vous faire avaler les plus belles paroles dans le seul but de vous ranger de son côté, n'hésitant pas plus tard, à compromettre ses paroles mielleuses si votre tête ne lui revient pas.
Dans l'intimité, elle se montre généralement une hôte irréprochable, appréciant les discussions intelligentes, l'art et les nombreux jeux du Sabbat qu'elle prend plaisir à organiser dans sa grande villa de la banlieue londonienne. Ses goules sont loin d'être les mieux traitées du continent britannique, exception faite de ses favoris, mais ils ne peuvent pas se plaindre d'être malheureux pour autant. La plupart des caïnites l'ayant fréquenté suffisamment longtemps vous parleront sans aucun doute de sa confiance parfois abusive en la cause du Sabbat et en ses capacités. Mais cette confiance résulte avant tout d'une détermination à toute épreuve de venger la Mort Ultime de l'amour de sa vie et de sa non-vie, une haine qui transparaît dans chacun de ses actes contre la Camarilla.
Mieux vaut faire de Madame de Beaumont une de vos amies au risque de subir les foudres de son tempérament de feu.
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My Story

Partie I

domaine du comte d'Agoult, sud de la france, printemps 1821
-Madame la Comtesse d'Agoult !
Le silence se fit dans la salle de réception, comme dans l'attente d'un événement d'importance. Les souffles semblent s'être arrêtés alors que les grandes portes de chêne s'ouvrent. Personne ne parle, personne ne bouge. Tous attendent. Un bruit de fourchette qu'on laisse tomber sur la porcelaine résonne au fond de la pièce. Puis enfin, un froissement d'étoffes. Le satin et la mousseline se mêlent à la soie dans ce camaïeu de bleu savamment pensé. La gorge dégagé, le menton haut, elle sourit discrètement, une discrétion nécessaire à son rang et à ce qu'elle représente, le regard droit mais ne fixant personne en particulier. Et pourtant, la curiosité la démangeait si fort qu'elle sert au creux de son poing un pan de tissu de sa longue jupe bleu nuit. A quoi ressemble-t-il ? Aura-t-il de beaux cheveux bruns ondulés, a-t-il un de ces chevaux blancs comme la lune sur lesquels il emmène ses muses pour leur composer des mélodies au son d'une mandoline ? La Comtesse lisait trop, mais elle est encore jeune. Mariée à quatorze ans après avoir été sortie du couvent à la suite de son premier saignement, fiancée depuis ses neuf ans au Comte d'Agoult, vieil homme encore robuste, les romans avaient été sa manière d'appréhender un monde qu'elle ignorait. Des livres dans lesquels on parlait d'amour éternel, d'hommes beaux et forts qui vous enivrent d'une passion plus dévorante que celle du Christ lui-même. La réalité avait été des plus décevantes en découvrant le Comte, son mari jusqu'à ce que la mort les sépare. Un homme bon certes, mais l'âge avait déjà fait de nombreux ravages sur son corps bedonnant, plus petit qu'elle et le dos légèrement voûté. Leur nuit de noces avait été à l'égal de sa vie dans ce château perdu dans le nord de la France, bien loin de la vie mondaine de Paris et de ses nombreuses tentations. Heureusement, les couturières du domaine étaient de suffisamment bonnes ouvrières pour lui permettre de suivre la mode si souvent changeante de la capitale. Sa perruque blonde ornée de lys blancs sublimait son visage délicat de deux fines anglaises encadrant de grands yeux bleus. Le fard était discret, ne cherchant nullement à dissimuler la peau claire.
D'une légère révérence, geste répété tant de fois qu'il avait fini par acquérir une perfection fascinante, elle invite les convives à reprendre leurs discussions et leur siège. Un rapide coup d'oeil de l'assemblée lui permet de se nourrir une dernière fois de leur admiration face à sa beauté qu'elle connaissait, un présent de Dieu qu'elle ne cherchait ni à dissimuler ni à mettre en avant par des artifices exubérants en bonne chrétienne fraîchement sortie du couvent. Son union avec le Comte lui avait déjà donné une fille, un enfant fort décevant puisqu'en l'absence d'un héritier mâle, il faudrait réitérer le partage de la couche conjugale et supporter gémissements et corps moite une nouvelle fois. Refusant de s'occuper du nourrisson plus que la bienséance le demandait, sa première fille avait été laissée aux soins d'une des femmes du domaine qu'on reconnaissait pour ses grandes qualités en tant que substitut maternelle et cela semblait parfaitement convenir à la très jeune Comtesse. D'un pas élégant, elle se dirige vers le bout de la plus imposante des tables, où tel un roi qu'il n'est pas siège son mari, entouré de ses invités de marque. Le banquet célébrait la venue dans leur domaine de campagne de trois conseillers du roi, désertant la ville en prise à une violente épidémie de choléra. Même sa majesté en personne avait préféré géré les affaires de la capitale d'un peu plus loin pour ne pas tomber sous le fléau des plus pauvres.
Arrivée à leur hauteur, les discussions politiques s'arrêtent et chacun se lève pour baiser galamment sa main, la complimentant sur sa coiffure ou sur l'empiècement novateur du mélange de tissu de sa robe. Seul son mari reste de marbre face à la présence de sa jeune épouse, guère plus qu'une jolie chose parmi sa vaisselle fine. Mais un homme reste assis, malgré le regard insistant de l'adolescente tout juste faite femme. Il la dévisage fixement, semblant faire abstraction des éléments alentour, en oubliant même de répondre au serveur tenant la carafe à vin. Si la Comtesse était jeune, elle n'en était pas moins téméraire, un défaut dû à son jeune âge comme le lui répétait souvent la religieuse en charge de son éducation. D'un pas décidé, elle se place devant la chaise vide, aux côtés de cet individu grossier qui ne prend pas la peine de se lever pour la saluer et semble décider à retenir chaque détail de son visage vu la façon insistante avec laquelle il la regarde. Regard qui la met mal à l'aise, elle qui pourtant cherche constamment à les attirer. Malgré tout, entre deux cuillerées de potage dans un silence dérangeant parmi les discussions de ses voisins de table, elle l'observe elle aussi. Il ne touche pas à ses plats, délaissant la contemplation de sa gorge pour fixer d'un œil las les tableaux qui ornent la salle de réception. Et elle ne peut s'empêcher de constater les boucles brunes, le corps élancé, les doigts fins desquels il doit pincer les cordes de ses instruments ou caresser les touches d'un clavecin dans une maison de campagne en Autriche. Est-il bon cavalier ? Dans son imaginaire, ça ne fait aucun doute. Les plats s'enchaînent sans qu'ils n'aient échangé un seul mot. Mais la tranquillité du banquet n'est que de courte durée et avant d'avoir pu passer à la troisième entrée, le Comte se lève, tapotant de la pointe du couteau son verre de cristal encore plein de vin rouge.
-Mes chers invités. J'ai ce soir l'immense privilège d'être l'hôte d'un compositeur de génie, le Mozart de notre siècle, Franz Liszt !
Les applaudissements se font entendre tout autour de la table et la jeune femme les rejoint bientôt, cherchant du regard cet invité mystérieux auquel elle n'avait pas encore été présenté. L'homme à côté d'elle reste silencieux, un léger sourire sur le visage, la tête penchée en avant comme pour remercier l'assemblée lui faisant ses compliments. La Comtesse perd son sourire, sans pour autant mettre un terme à sa comédie polie.
-Voudriez-vous nous faire l'honneur d'interpréter un morceau pour nous ?
L'homme se lève sans un mot, se dirigeant vers le piano qu'elle n'avait encore jamais vu utilisé depuis son arrivée dans le domaine. D'un geste assuré, il caresse les touches. L'adolescente observe, tourne légèrement son siège pour mieux voir, suivant de ses yeux bleus ce mouvement lent et délicat qu'elle l'imaginait aisément reproduire sur la plus belle de ses amantes, alanguie dans les draps d'une auberge perdue dans les montagnes suisses, encore transpirante d'une nuit d'amour intense et passionnée. Il relève un peu sa tête, fixant un point invisible de l'autre côté du piano.
-Liebestraum
Sa voix est douce mais grave et son accent germanique fait rouler gracieusement le r. Leurs regards se croisent, le temps de quelques secondes, avant qu'il n'enfonce les premières touches blanches.
-Un rêve d'amour.
Sa prononciation française est approximative mais ses yeux bruns ne laissent aucune place à l'hésitation quand à nouveau, il soutient ses prunelles d'enfant émerveillée. Ses joues se teintent de rouge violemment alors qu'elle détourne le regard, tentant de maîtriser le trouble qui l'envahit. Il n'en fallait pas plus pour que son cœur tendre bercé par les histoires galantes des romans légers tombe éperdument et désespérément en amour pour cet inconnu qui peut-être un jour, la déroberait à sa vie d'ennui.

Palais royal, paris, mai1830
Un miroir surplombait la coiffeuse à laquelle elle s'appuyait, le regard las et la tête lourde. Se redressant un peu, elle passe un doigt sur chacun de ses sourcils blonds et fins, dégageant ses boucles blondes cachant le haut de son front. Les années avaient passé et elle ne pouvait que constater amèrement les ravages du temps. Sa peau n'était plus aussi fraîche qu'auparavant et ses yeux bleus avaient perdu cette lueur innocente et vive qui avait pourtant contribué en grande partie à sa réputation au sein des sphères mondaines française. La Comtesse n'était plus étrangère à personne aujourd'hui et ses excentricités vestimentaires défrayaient autant la chronique qu'elle changeait les tendances parisiennes. La plupart de ses amies avec qui elle entretenait une correspondance la priaient de s'installer sur la capitale. Il n'était pas rare qu'un homme et une femme mariés décident de mener des vies différentes, ne pouvant trouver de terrain d'entente dans leur ménage. Mais le Comte aimait ses habitudes, et sa femme en faisait partie aussi bien que son poudrage matinale. Il n'y aurait rien à faire pour influencer son avis et elle ne pouvait décemment pas prendre son émancipation seule, sous peine de devenir rapidement la risée des hautes sphères sociales. Une femme reste à sa place et obéit, il en a toujours ainsi et face à son miroir, elle désespérait grandement qu'il en fut autrement un jour. Obtenir l'autorisation de quitter leur domaine du sud de la France pour la grand fête donné par le duc d'Orléans avait été un combat de chaque instant, remporté uniquement par la réception d'une lettre d'un conseiller du roi, priant le Comte de rejoindre au plus vite Paris où régnait d'ors et déjà une sérénité politique plus que précaire.
La réception marquerait les esprits, en tout cas c'est ce qu'on ne cessait de lui expliquer depuis son arrivée dans la grande ville. Et pour l'occasion, elle avait fait réaliser une robe d'un grand raffinement, tout en nuance crème et rose pastel. Ses joues creusées et son teint plus pâle qu'auparavant ne lui ont pas fait pour autant perdre sa beauté. Les cernes qui soulignent son regard sont légères, bien plus que l'idéal de la beauté maladive qu'elle cherche vainement à atteindre. Sûrement dort-elle trop ou le vinaigre citronné qu'on lui sert le matin n'est-il pas assez concentré que pour atteindre le teint livide et maladif des femmes à la pointe des canons esthétiques modernes. Malgré son imperfection, il faudra se montrer ce soir et faire bonne figure. Aidée de quelques servantes, elle se lève et les laisse nouer son corsage, écrasant sa poitrine menue pour lui donner du galbe, soulignant sa taille fine, indéniablement son seul atout parmi les beautés de la cour. Après tout, qu'était-elle d'autre qu'une femme de province ? Rien de plus qu'une paysane pour ses femmes citadines, tellement modernes face à son mode de vie encore traditionnel.
Dans la salle du bal, les invités se pressent. On annonce de grands noms, salue des connaissances d'un sourire poli, écoute les dernières nouvelles d'un neveu parti dans les ordres plus par bienséance que par intérêt. Au bras de son mari, elle s'avance, un sourire qu'elle espère naturel sur les lèvres. Il n'a pas fait d'effort et intérieurement, elle enrage de ne pouvoir dire un mot de ce qu'elle pense réellement. Son ventre bedonnant est étriqué dans un costume ordinaire dont les motifs sont démodés ici, à Paris mais il semble ne pas en faire tout une affaire et si elle avait osé faire une réflexion, il n'aurait pas tardé à lui rappeler qu'elle ferait mieux de savoir investir dans des parures plus discrètes et moins audacieuses pour ne pas avoir à en changer si souvent. Mais le décor, lui, est à la hauteur de toutes ses espérances. De grands drapés encadrent les fenêtres, les lustres de cristal ornent la salle de bal d'une lumière tamisée tout en mettant en valeur tous ces signes explicites de richesse. Elle reste prêt de son mari alors qu'il salue certaines connaissances, ne tentant plus d'imposer ses idées politiques dans les discussions des hommes, fatiguée de leurs railleries dites à demi-mot et du peu d'intérêt qu'ils portent à ses réflexions. Mais un regard capture son attention, comme l'apparition soudaine d'un fantôme du passé qui s'efface aussi vite qu'elle n'est apparue. Elle sursaute en se retournant, le découvrant soudain si proche. Il prend sa main, l'effleure de ses lèvres pour la première fois. Ses joues rougissent sous ce premier contact de leur peau l'une contre l'autre.
-M'accorderez-vous cette danse ?
-Avec plaisir.
Son empressement à accepter enfreint sûrement quelques règles de la bienséance mondaine mais personne ne semble leur en tenir rigueur alors qu'il l'entraîne sur la piste, guidant ses pas dans une valse lente. Elle l'observe avec attention. Il lui semble qu'en neuf ans, ses cheveux étaient toujours du même brun et qu'aucune ride n'avait marqué le coin de ses yeux, comme si son image s'était figé le jour de leur rencontre.
-Vous n'avez pas changé.
Simple constatation à laquelle il répond par un regard soutenu, presque dérangeant tant il semble refuser de se détourner.
-Vous oui.
Elle baisse les yeux , gênée. Sa fraîcheur d'adolescente était passée, c'était un fait. Mais la politesse aurait voulu qu'il ne le lui fasse pas remarquer aussi froidement. Il semble hésiter, cherchant à renouer leur contact visuel alors qu'ils continuent à tourner en rythme avec les autres couples, l'habitude des danses de salon guidant leur pas.
-Vous n'êtes plus une enfant.
Mère de deux filles et ayant déjà parcouru plus que la moitié de sa vie, elle n'était effectivement plus une enfant depuis bien longtemps. Les fausses couches s'étaient enchaînées après la naissance de leur seconde fille et il était évident depuis quelques temps maintenant que jamais elle ne serait en mesure de lui donner un héritier légitime, ne faisant qu'effriter un peu plus un mariage qui n'avait jamais été d'une grande qualité.
-Vous êtes merveilleuse.
Les mots ne sont plus dits de son accent germanique fort, découpant les mots avec une froideur implacable. Ils se font tendres, chuchotant à son oreille et couvrant à peine la musique de l'orchestre. Se reculant un peu, les joues rouges et le regard fuyant, elle tente de réprimer ses envies de fuir en courant.
-Ne dites pas ça, vous me mettez mal à l'aise.
-La vérité vous rend nerveuse ?
Perdue, elle croise ses yeux marrons imperturbables et son visage dénué de sourire, comme si sa question attendait véritablement une réponse. Elle arrive à peine à esquisser un « oui » du bout des lèvres, de plus en plus confuse face à cet homme qui l'effrayait tout autant qu'il l'attirait avec une force qu'elle avait du mal à comprendre. Son corset lui semble terriblement et elle a du mal à reprendre son souffle, la respiration courte et saccadée. Et enfin, la musique s'arrête. Elle se baisse légèrement, en guise de remerciement du moment passé et aussi vite, disparaît dans la foule, fuyant aussi vite que possible cet individu qui allait finir par la rendre folle.

Palais-royal, paris, 28 juillet 1830
Des cris résonnent au dehors du palais. Il fait déjà nuit depuis plusieurs heures. Le petit salon de Madame n'est éclairée que de quelques bougies, incapable de trouver le sommeil dans cette agitation permanente. Le monde qu'ils avaient toujours connu s'apprêtait à vivre un grand changement. Charles X tombait peu à peu et la famille royale avait été mise en sécurité hors de Paris dès les prémices de la révolte populaire. Les forces armées n'avaient plus besoin qu'on leur dise d'ouvrir le feu pour faire résonner le son de leur carabine aux portes du palais. Seul restait les aristocrates sans grande importance, des servantes fidèles au poste ou des inconscients persuadés que ce brusque soulèvement finirait par s'ésouffler de lui-même. Oubliée dans le départ précipité des membres de la cour, elle attendait patiemment le lever du jour pour demander l'attelage de sa voiture. Quelques malles à faire transporter et elle pourrait retourner se terrer dans son domaine du sud de la France, à élever ses enfants qu'elle n'avait jamais réussi à vraiment aimer comme devrait le faire une bonne mère. Elle rabat sur son vêtement de nuit les pans d'un large manteau de soie enfilé pour remplacer la chaleur moite des couvertures de son lit qu'on avait pas encore défait. Son regard se perd dans la contemplation du triste spectacle qui se joue devant elle. Les foules se pressent contre les grilles du palais, retenues tant bien que mal par quelques gardes, les autres occupés à tirer de façon dissuasive, sans grande réussite. Elle se lève, le chandelier à la main, posant ses doigts sur le carreau froid. A peine le temps de faire un pas de côté qu'un pavé fait éclater le verre, entaillant sa joue avant de rebondir sur l'épais tapis couvrant le parquet de la chambre. Son cœur manque de s'arrêter à nouveau quand la porte s'ouvre brusquement, ne révélant qu'une ombre dans la pénombre de cette nuit agitée. Il s'approche d'un pas déterminé, jusqu'à apparaître à la flamme de la bougie. Son visage pâle la glace tout autant que son regard froid et déterminé quand il s'attarde sur la coupure rouge le long de sa joue. Un de ses doigts la longe, récoltant quelques gouttes du sang, qu'il lèche comme on pourrait déguster le glaçage d'un gâteau particulièrement savoureux.
-Mais qu'est-ce que vous faites ?
Le regard de la jeune femme ne peut se détacher de cette scène. Tellement improbable qu'elle a du mal à se convaincre que tout cela est réellement en train d'arriver. Il tremble un peu, entrouvre la bouche, révélant des canines acérés, bien trop longues que pour être humaines. Elle tente de s'échapper mais il attrape son poignet avec force, se contentant de souffler la flamme de la bougie. A l'extérieur, les cris ont gagné en intensité et les foules ont passé la grille du palais. Mais terrifiée, elle en oublie le peuple qui ne tardera pas à investir la demeure royale, toujours concentrée sur les canines qu'elle n'avait pourtant jamais remarqué chez lui auparavant. Ils restent ainsi immobiles pendant un long moment, à quelques centimètres l'un de l'autre. Elle déglutit difficilement. Les récits fantastiques racontaient bien des histoires à propos des créatures de la nuit mais jusqu'à maintenant elle s'était toujours contentée de les prendre pour ce qu'elles sont, des fictions. Face à une réalité incompréhensible, elle ne trouve rien à dire, fixant ses prunelles brunes dans l'attente d'une mort certaine. Mais au lieu de ça, il desserre sa poigne.
-Suis-moi.
Elle n'arrive pas à comprendre pourquoi sans y réfléchir, ses pas suivent les siens dans les couloirs du château, resserrant le manteau de soie autour d'elle, trottinant derrière sa démarche bien trop rapide pour son petit gabarit. D'une façon aussi étrange qu'improbable, c'est ainsi que la Comtesse d'Agoult finit par déserter son rôle de mère et de femme mariée, au bras d'un vampire, fuyant une révolution en marche.

domaine de Francesco Tiberi Contigliano, contigliano, italie, 1835
Allongée dans les draps, elle caresse son dos du bout des doigts, observant avec un pincement au cœur le ciel qui doucement, changeait de couleur. Il se redresse, enfilant une chemise lâche qu'il adoptait généralement quand le jour commençait à se montrer. En cinq ans, Rose avait pris le temps d'accepter la nature du compositeur, à tolérer son côté animal et ses nuits de chasse desquelles il revenait généralement tâcher de rouge. Elle acceptait même qu'il boive son sang même si il refusait la plupart du temps, de peur de la blesser ou de trop en boire et que son faible gabarit vienne à ne pas le supporter. Silencieuse, elle enfile une robe large, passant son bras autour du sien, tout contre son corps froid, pour le suivre jusqu'au sous-sol de la grande maison inhabitée du cardinal. En cinq ans, elle avait eu le temps d'étudier la société vampirique même si les occasions de fréquenter ces êtres si particuliers restaient très rares. Elle avait toujours l'impression d'être un morceau de chaire fraîche offert aux prédateurs, ce qui était littéralement le cas. Mais loin de rester inactive, Rose de Beaumont, après avoir choisi de récupérer son nom de jeune fille, troquant ainsi la banalité contre son titre prestigieux de Comtesse, brillait en société tout autant qu'elle s'épanouissait aux côtés de Franz. Tous les mardis, elle tenait un salon d'intellectuels, les recevant dans l'une des nombreuses salles prestigieuses de la résidence du cardinal Contigliano, ami de l'ombre de son musicien de compagnon. Arrivés à la porte du sous-bassement lui servant de refuge le temps que le soleil se couche, il dépose un baiser sur son front, la regardant fixement pendant de longues secondes avant de disparaître dans l'obscurité.
Un léger sourire sur les lèvres, elle regagne la chambre, se recouchant dans les draps qu'ils avaient partagé quelques instants auparavant, cherchant son odeur dans le tissu. Ainsi leur vie était-elle faite. Le jour, elle s'occupait de gérer sa carrière, de signer les contrats, de réceptionner l'argent des concerts, de tenir les comptes, de négocier de nouveaux concerts. Et après quelques heures de repos au courant de l'après-midi, elle venait l'attendre devant cette porte, tous les jours, inlassablement. Bien sûr, ses inquiétudes restaient les mêmes que toute mortelle. Allait-il continuer à vouloir d'elle quand elle serait vieille ? Sa jeunesse était déjà passée et à 30 ans, elle atteignait un âge d'une femme qui a déjà vécu, délaissant pour toujours les préoccupations légères qui devaient être celles de ses filles à présent. Seule parfois, elle repensait à ces enfants laissés pour compte dans la drôle histoire qu'était sa vie. L'aînée était-elle mariée aujourd'hui ? Le Comte avait-il pris la peine de les envoyer dans un couvent respectable ou les avait-il délaissé au profit des enfants que lui avait sûrement donné sa nouvelle femme ? Tant de questions qui resteraient sans réponse mais c'était le prix à payer de cette liberté qu'elle avait choisi. Bientôt déjà, il faudra se lever, vaquer à ses occupations quotidiennes, faire bonne figure face aux commanditaires de nouvelles pièces et accueillir les dames des domaines alentour.
Il lui arrivait souvent de se dire que les choses seraient bien plus simples si Franz avait décidé de la transformer ce soir de juillet où il l'avait arraché à sa vie ordinaire. Elle n'aurait plus à craindre l'apparition des premières rides dans sa glace, ni de se voir abandonner par son amant éternellement jeune alors que la vieillesse la rattrapait jour après jour. Mais la réponse avait été catégorique, à chaque fois qu'elle abordait le sujet. Et les escapades de plusieurs jours qu'il effectuait régulièrement avec le cardinal dont il refusait de lui parler avaient fini par éveiller sa curiosité. Il ne lui disait pas tout, c'était un fait. Des rumeurs circulaient sur des enlèvements soudains à Rome, dans tel ou tel quartier pauvre, tant de gens évaporés dont on ne retrouvait jamais les corps. C'est peut-être ainsi que sa correspondance avec le cardinal, resté à Rome pour les affaires de l'Eglise, avait commencé. Une simple question à laquelle il n'avait pas voulu répondre directement, lui faisant parvenir deux jours après une longue missive. Des ouvrages également, détaillant l'organisation de leur monde, leurs rites, leurs pouvoirs aussi, les affrontements qu'il devait essuyer avec les membres de la Camarilla. Lectures secrètes qu'elle cachait à Franz, nourrissant peu à peu sa soif avide de curiosité. Et son sourire s'étirait à chaque fois, faisait danser dans ses yeux une lueur nouvelle, celle de l'envie. Etre une aristocrate ne lui suffisait plus. Son influence dans la carrière de son compagnon n'était plus à prouver tant la notoriété de Liszt avait grimpé dans l'Europe du Sud depuis son arrivée précipitée dans sa vie. L'ambition rongeait ses pensées les plus nobles, détruisant sur son passage toute once de raison.
Un bruit sourd contre la porte la sort de ses rêveries, sursautant dans son lit pour finir par se redresser. Une servante entre et après l'avoir salué, dépose le courrier sur un guéridon avant de vaquer aux préparatifs de sa toilette. Le cachet de cire rouge sang lui fait esquisser un sourire. L'aigle déploie ses ailes sur le tampon fermant la lettre qu'elle tient entre ses mains. Peut-être la réponse à ses attentes et ses espérances. Ou peut-être qu'à tout jamais, le cardinal mettrait fin à ce désir secret qu'elle ne cherchait plus à lui cacher depuis qu'elle avait avoué à demi-mot dans l'une de ses lettres. Les mots tracés à la plume n'indiquaient qu'un lieu de rencontre, à la tombée de la nuit, ici même à Contigliano. Tentant de dissimuler la vive agitation qui venait de la gagner, elle se laisse guider vers la baignoire, fermant les yeux en inspirant les vapeurs de rose s'échappant de l'eau fumante. La mot l'attendait ce soir mais elle semblait avoir mis sa plus belle parure.

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Behind the Screen
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Dernière édition par Rose de Beaumont le Dim 28 Avr - 21:43, édité 1 fois
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Madame de Beaumont ▲ à la guerre, je dis oui. EmptyDim 28 Avr - 19:18

Partie II

Tranchées françaises, est de la france, 1915
Presque un siècle s'était écoulé depuis sa transformation, par cette nuit chaude italienne. Et les choses avaient été loin d'être simples une fois l'Etreinte achevée. Se retrouver sous terre, affamée, l'avait rendu folle. La nuit qui suivit sa renaissance fut loin d'être de tout repos et Contigliano conte encore aujourd'hui la légende de ce fantôme blond sorti de terre pour les vider de leur sang. Mais si les humains n'avaient pas été un problème pour la toute jeune vampire, le compositeur avait bien failli causer sa perte. En la découvrant transformée, les vêtements imbibés de sang, encore penchée sur le cadavre d'un homme qui avait eu le malheur de se trouver au mauvais endroit, au mauvais moment, il était resté sans voix. Elle avait essayé de parler mais la faim lui tiraillait toujours le ventre, occultant toute autre pensée. De longues journées s'étaient écoulées où plongée dans le noir complet de la cave du domaine Contigliano, il la nourrissait de sang humain jusqu'à calmer ses crises de frénésie. Mais le cardinal n'avait pas choisi son Infante pour qu'elle reste terrée éternellement. Il fallait qu'elle apprenne les codes de ce qui était à présent son monde, qu'elle sache pourquoi elle avait été transformée, quel était l'histoire de son clan. Face à son miroir, ce fut à son tour d'être sans voix. Aucun reflet n'y paraissait. Dès lors, elle interdit à quiconque d'oser ramener à l'intérieur de la demeure une surface réfléchissante lui rappelant que plus jamais, elle ne pourrait se voir. Les années de formation avaient été longues, éreintantes. Mais elle avait fini par y arriver. Le Sabbat était devenu sa nouvelle famille, son monde à elle, dans lequel elle brillait lors des Festins de Sang par ses idées de divertissement aussi cruelles que plaisantes. Epaulée de Francisco, il ne lui fallut pas longtemps pour intégrer les Princes Noirs de la secte, reprenant avec plaisir les jeux de manipulation qu'elle connaissait déjà bien de son vivant. Mais dans son immortalité, ils prenaient une importance nouvelle, tout comme cette force qu'elle sentait croître peu à peu dans son corps.
Les voyages avaient été nombreux en Europe mais nécessaires. Personne ne devait oublier qu'ils avaient un jour croisé la route de la Rose Noire, personne ne devait oublier son nom. Du moins, c'est le défi qu'elle s'était fixée puisqu'elle avait toujours été invisible dans cette aristocratie. C'était comme une seconde chance, celle de pouvoir exister, d'avoir une place quelque part. C'en était fini d'être une femme de l'ombre. Car si ombre elle avait toujours, la faiblesse l'avait définitivement quitté le jour où la vie l'avait abandonné.
Un sourire étire ses lèvres en se remémorant les souvenirs acquis de sa non-vie. Ses doigts froids rencontrent ceux de Franz alors que leur pas s'enfoncent dans la boue. La pluie tombera encore ce soir mais pour l'instant, seul la poussière des explosions emplit l'air. Un dernier regard vers lui et elle disparaît au détour d'une nouvelle tranchée. Ses mains glissées dans les poches de son long manteau noir, elle ne prête que peu d'attention aux soldats épuisés qui la dévisagent. Jamais on avait imaginé de meilleurs garde-mangers que d'enfermer des hommes dans des trous boueux, occupant leur esprit à combattre leurs semblables alors que le danger à craindre avait une manière bien plus délicate de les décimer. Son regard froid, sans une trace de l'humanité qui l'avait jadis habité, se pose sur un jeune homme, un de ces gamins qu'on avait fini par envoyer au front pour servir de chair à canon. Elle s'approche, soulève son menton crasseux du bout de ses doigts pâles. Ses lèvres rouges s'étirent à nouveau dans un sourire doux, presque aimant. Elle le redresse avec douceur, époussetant légèrement ses vêtements crasseux.
-Sois fier. A partir d'aujourd'hui, tu sers les seuls vainqueurs de ce monde.
Et avec la même tendresse, elle plonge sur son cou, enfonçant ses dents dans la chair rose au goût terreux. Le recrutement avait commencé ainsi, sortant de la boue les enfants de cette guerre aussi inutile que sanglante aux yeux des immortels. Dans leur château français, ils étaient de petits rois sur leur peuple de goules, asservis à leur bon plaisir, dans une éternité qui ne lui avait jamais semblé aussi douce.

appartement d'André Breton, paris, 1929
Une coupe de rouge à la main, elle s'avance, gracieuse comme à son habitude, sa robe blanche à frange tombant sur ses formes féminines. Un bandeau rehaussé de quelques plumes retient ses boucles blondes, cheveux coupés court, à la garçonne comme s'entêtent à le lui répéter son nouveau cercle d'initiés. Les années avaient passé et c'est avec plaisir qu'elle constatait du bout des doigts qu'aucune ride n'avait eu le temps d'abîmer sa beauté à présent figée pour toujours. Pas la peine de chercher à cacher sa vraie nature parmi ces humains, pour la plupart asservis au sang vampirique, pour les autres soumis par la Transe. D'autres vampires s'étaient joints au comité restreint des surréalistes, quelques russes toréadors anti-tribu qui avaient réussi à s'élever au rang d'avant-gardiste avec l'aide de quelques manipulations des galeristes. Et la soirée s'annonçait bien. Quelques mortels nus et inconscients, suspendus au plafond, attendaient sans le savoir de servir de dîner au comité pour le moins particulier qui avait envahi l'appartement d'André, ami depuis plusieurs décennies du couple d'influence que Rose formait avec Franz à présent qu'ils étaient installés en France.
-Est-ce que vous m'attendiez pour commencer les festivités ?
Dans un rire élégant, elle s'approche d'une des victimes, les mortels se contentant d'observer alors que les autres vampires faisaient apparaître leurs crocs acérés. Elle entrouvre ses lèvres peintes de rouge, caressant la peau brûlante du bout des canines. De là, elle pouvait déjà sentir le sang qui coulait en abondance dans les veines de cet inconnu et à l'odeur, il ferait un très bon repas.
-Madame !
Alors que les crocs sont déjà enfoncés dans la chair sans pour autant avoir eu le temps de la transpercer, elle s'interrompt. Et interrompre le repas d'un vampire quand on est rien d'autre qu'une simple goule parmi tant d'autres, mieux vaut avoir une bonne raison. Elle se retourne, plantant son regard limpide dans celui troublé de l'homme bedonnant qui se tient à l'entrée de la pièce. Il se baisse dans une révérence ridicule, espérant peut-être contenir la colère de sa maîtresse.
-J'espère que c'est important Lucien. Nous nous apprêtions à dîner.
Son ton est calme mais la colère se lit aisément dans ses prunelles bleues.
-Madame c'est … c'est votre château.
La flamme s'éteint aussi vite qu'elle n'ait apparu. Et il ne lui faut que quelques secondes pour oublier toute bienséance vis à vis du reste de l'assemblée. Elle suit le mortel dans les couloirs mais il est décidément bien trop lent que pour calmer son inquiétude. Attrapant son épaule, elle le projette contre le mur, se fichant éperdument du mal qu'elle aurait pu lui faire ou de son regard éploré. Un pas plus rapide et elle disparaît. Seule une ombre se faufile sous la porte, un nuage noir qui fend les airs jusqu'à atteindre la large banlieue parisienne. Sur le chemin de terre, les ténèbres prennent à nouveau forme humaine, recouvrant peu à peu la couleur laiteuse de la peau, le regard perdu, les cheveux blonds un peu défait. Face aux flammes, elle reste interdite. Quelques goules en larmes fixent la charpente qui s'écroule bientôt dans un craquement sourd. D'ici elle sent la chaleur du feu lui caresser le corps mais peu lui importe. Droite, le liquide épais coule le long de ses joues, qu'elle essuie d'un revers de main, étalant le sang sur son fard rosé. La réponse est plus qu'évidente et les responsables sont d'ors et déjà identifiables. La Camarilla et ses Infants aux manières ridicules, ce sac de vampires incapables d'assumer leur nature et qui pour compenser leur caractère trop faible, ont décidé de détruire ceux qui refusaient de suivre leur voie du silence. Saisissant par le col l'une des goules de Franz, toujours secouée de sanglot, elle la fixe, son visage ayant perdu toute douceur.
-Tu sais qui a fait ça. Je veux des noms. Tout de suite.
Elle ne peut s'empêcher de hurler. Lâchant la pauvre créature effrayée au sol, elle jette un dernier regard à leur maison, partie en fumée comme tous les souvenirs qu'elle contenait, comme toutes les goules qu'elle nourrissait. Comme Franz. Si un vampire peut guérir de toutes les blessures, il n'est pas dit qu'on puisse un jour réparer un cœur brisé, encore moins quand la haine a remplacé tout autre ersatz de sentiment dans son organe mort.

villa de madame de beaumont, banlieue de londres, 1987
Ses ongles rouges tapent contre le bureau en bois sombre à intervalle régulier, le regard perdu dans la contemplation de la lune. Sa main libre glisse le long du pelage d'ébène de la panthère qui dans un ronronnement satisfait, pose sa lourde tête sur ses genoux. Drôle d'animal de compagnie pour une drôle de dame mais les bêtes avaient toujours eu tendance à moins la décevoir que les hommes, qu'ils soient mortels ou non. Son regard clair se relève quand on frappe à la porte, appuyant son menton sur ses doigts repliés.
-Oui ?
Un jeune homme entre, tout juste la vingtaine, habillé élégamment, une coupe de vin rempli de sang encore chaud sur un plateau. Elle lui sourit, interrompant la caresse du félin pour porter le liquide à ses lèvres. Si ses goules étaient toujours aussi nombreuses, au moins boire au verre était moins salissant que de leur ouvrir les veines à chaque fois que la fin lui prenait.
-Monsieur de Contigliano est là, Madame.
-Bien faites le entrer.
Il n'était pas rare que le Sire vienne la visiter maintenant qu'elle avait acquis un poste plus important au sein du Sabbat. Et la meute des Princes Noirs n'avait jamais été aussi bien portante aux yeux de Madame de Beaumont, surnommée Madame par l'ensemble de ses inférieurs et par les immortels en général. De la rose, elle ne gardait que le symbole, l'appliquant méthodiquement sur ses cachets de cire, méthode de correspondance qu'elle continuait de préférer aux soit-disant merveilles de la technologie. Si elle avait su vivre des années sans les évolutions du bétail, elle pouvait très bien continuer ainsi. La seconde guerre mondiale n'avait été qu'un juste temps de repos pour s'installer confortablement dans sa place de Ductus, servant avec plaisir les intérêts du Sabbat lors des réceptions vampiriques. Et les fêtes qu'elle organisait dans sa grande demeure, décorée avec un goût certain, ne faisaient qu'augmenter sa notoriété au sein des autres caïnites.
-Rose.
Elle adresse un sourire à son Sire, levant distraitement sa coupe de sang vers lui en guise de bonjour avant de lui désigner un siège que la goule a déjà tiré à son attention. D'un geste, elle congédie le charmant serviteur, les laissant seuls dans le grand bureau duquel elle gère la plupart des questions relatives à sa meute.
-Encore un ? Tu sais que tu finis par ressembler à une foutue Ventrue à ne te nourrir que sur des gamins ?
Son sourire s'efface alors que Francisco laisse entendre son rire moqueur. Les pics de ce genre sont de coutume dans leur relation pour le moins conflictuel et l'envie de l'étriper a plusieurs fois démangé ses canines. Mais par respect pour son supérieur par le sang, elle se contente de sourire, ravalant sa fierté une nouvelle fois.
-Le Prince de Londres est tombé. Tu connais cette Gangrel qui a pris sa place ?
-Vaguement. Une espèce de hippie qui croit encore à la paix dans le monde.
Il renifle bruyamment, croisant les mains sur son ventre.
-Je compte sur toi pour maintenir un minimum d'ordre là-dedans.
Elle laisse échapper un rire.
-Tu crois vraiment que cette vieille peau va se lancer dans une guerre contre le Sabbat ?
Mais apparemment, l'heure n'est pas aux certitudes ou à la rigolade. Il la fixe d'un regard froid qui pour quelques secondes, lui fait oublier sa légendaire confiance en elle.
-J'espère que tu sauras l'éviter.
Et implicitement, elle comprend parfaitement où il veut en venir. Si les choses venaient à tourner mal, il ne chercherait pas longtemps sur qui reporter la faute. Elle avait beau n'être que Ductus dans la hiérarchie du Sabbat, il était évident qu'il ne serait pas question de porter la faute sur l'Archevêque ou le Cardinal si les choses venaient à dégénérer. Les plus petits dirigeants prendraient en premier. Ses ongles frappent à nouveau le bois du bureau alors qu'elle retrouve son sourire moqueur.
-Tu peux compter sur moi, tu le sais.
Les choses étaient dites à présent. Il se relève sans un nouveau regard pour son Infante. La pression qu'il faisait peser sur ses épaules n'avait jamais été faible et elle ne pouvait pas s'en plaindre. C'était grâce à lui qu'elle se retrouvait ici aujourd'hui et il était de son devoir de servir au mieux les intérêts du Sabbat. Et détruire la Camarilla en faisait autant partie que sa disparition n'apaiserait son besoin de vengeance. Le regardant s'éloigner, elle porte une nouvelle fois la coupe à ses lèvres. Une guerre ne se commençait pas si vite, il faudrait du temps avant de bouscule définitivement l'organisation de la Camarilla.

Mais une chose était sûre, les prochaines années allaient être consacrées à réunir les forces d'un Sabbat de plus en plus conséquent, oubliant fréquemment les règles de la Mascarade pour satisfaire les besoins sanglants de ses frères caïnites. Leur institution fragile n'avait qu'à bien se tenir, un feu autrement plus destructeur que les flammes rouges est susceptible de venir brûler tout sur son passage.
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