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 Neal Chaplain ♦ All Monster are Humans 
Neal Chaplain
Neal Chaplain
Tzimisce
✝ Date d'inscription : 21/04/2013
✝ Messages : 213
✝ Points : 125
✝ Âge Réel : 205 ans
✝ Âge Apparent : Environ 18 ans.
✝ Statut : C'est très indiscret
✝ Thème : ▬IS YOUR LOVE
✝ DC : Christian V. Brown
Neal Chaplain ♦ All Monster are Humans 13072001163510018111398183
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Mes Disciplines
Génération: XIeme
Mes Disciplines:

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Neal Chaplain ♦ All Monster are Humans EmptyDim 21 Avr - 20:57




• Neal Chaplain •

L'Humain est l'état larvaire, il ne sert qu'à faire émerger une possibilité.

My Identity
• Nom : Chaplain
• Prénom(s) : Neal.
• Âge : 209 ans.
• Statut : Évêque de Londres
• Origines : Anglaise, Londonienne.
• Âge apparent: Environ 18 ans.
• Date d’Étreinte: Hiver 1821.

• Génération : XIeme
• Infant de : Inconnu.
• Sire de : Personne.

• Disciplines :
Vicissitude : ♣ ♣ ♣ ♣ ♣
Animalisme : ♦ ♦ ♦
Augure : ♠ ♠
• Coterie ou Meute : Aucune, ancien membre de la meute des Maccab's

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My Appearance
La peau semble de la porcelaine, sans grain, sans reliefs. Une peau si blanche qu'elle accroche la lumière comme le fait un objet de la même noble matière. A toucher elle est glaciale, comme le verre que le soleil ne touche jamais. C'est comme toucher quelque chose d'artificiel, de trop dur, de trop tendu vers la perfection. Les plis normaux, les rides et reliefs ont disparu, remplacés par l'uniformité lisse, froide, fascinante. Les cheveux sont trop blancs, aveuglants sous la lumière crue, tout comme les cils et sourcils qui caractérisent un albinisme. Réel ou surnaturel ? Blanc, aveuglant, chirurgical, lisse comme l'acier. Les cheveux souples, très fins, tombent autours du visage de poupée, sans couleur en dehors des yeux d'un bleu délavé, à l'iris veiné de rouge pâle. La bouche est dessinée d'un trait de pinceau, une forme idéale. Des lèvres de poupée, naturellement à peine rehaussées de rosé. On la croirait peinte, cette jeune fille, et pourtant, elle parle et déambule. Elle aime feindre, parfois, l'immobilisme d'une statue, dont elle a l'antique apparence. Son corps de marbre blanc se prêt à ce jeu de la chosification du corps. Parfois, le corps se pare de curieuses gemmes, incrustées dans la peau, les yeux au bleu trop pâle deviennent uniformément noirs, sans blanc de l’œil. Elle semble alors plus terrifiante encore, mais ce n'est qu'un miroir. Une manière de repousser les importuns lorsqu'elle désire le calme.

Ses goules monstrueuses se pressent autours d'elle, habillant ce corps de poupée animée d'étoffes immaculées, de dentelles et de tulle. Ses gestes pour eux sont si doux... Elle ne parle pas beaucoup, la jolie poupée. Même lorsque ses servants difformes dévoilent sa nudité d'alien. Le rebondi d'une poitrine n'est qu'un leurre, car ces seins n'ont aucun téton ni mamelon, comme ceux d'une statue, sculptée dans l'utopie. Le buste étroit aux discrète formes féminines menteuses se prolonge sur un ventre plat et l'étroitesse délicate de hanches parfaites. Entre les deux jambes fuselées jusqu'à l'ignominie de l'idéal, il n'y a aucun sexe, rien que la peau si lisse, si froide, si parfaite. Plus aucun sexe, mâle ou femelle qu'importe donc. Seule sa voix jure légèrement, comme un crissement volontaire de la craie sur le parfait tableau. C'est une voix de jeune homme, qu'elle conserve comme un souvenir infime de ce qu'elle était. Sa voix de mortel, cette mortalité reniée par tout son corps impossible à confondre avec le naturel. Une voix douce mais masculine, agréable mais si éloignée de son apparence que beaucoup en restent coi.

Cette beauté d'albâtre se prolonge dans son dos d'une longue queue de chair en forme de fouet d'environ un bon mètre, terminée d'une unique pointe d'os, comme une aiguille. Depuis la base de la queue apparaît sous la porcelaine la tension de la colonne vertébrale, trop apparente. Les vertèbres semblent sur le point de rompre la peau immaculée, en un dessin d'anatomiste fou.
Neal n'est pas belle, elle est monstrueuse, parce qu'elle semble parfaite, tout en l'étant au point de rupture avec le naturel. Ses gestes mesurés sont là encore pour accentuer le sentiment de malaise qu'elle suscite. Entourée de ses goules épouvantables, elle semble encore plus horriblement belle.

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My Mind
La sculpture de chair, de tendons et d'os est un être mort, silencieux, renfermé sur ses mystères. Elle ferme parfois ses yeux délavés avec pudeur, douceur. La poupée sans sexe et sans véritable visage est tendre, caressante. Mais pas avec n'importe qui. Les goules monstrueuses qu'elle façonne l'aiment généralement de toute leur âme misérable. Parias, exclus, chair à canon, beaucoup voient dans cette créature une main amie, qui dispense de généreux bienfaits. Un baiser, parfois, donné du bout des lèvres, à quelque monstre grotesque. Sur les lèvres perle une goutte carmine. Un peu de sang, pour s'attacher l'amour, mais y en a-t-il seulement besoin ?

Neal est à son image, trompeuse. Et pourtant paradoxalement très franche. La jolie coquille de poupée semble paisible, avec ce visage sans expressions que rien ne semble troubler. Pourtant en elle couve un terrible brasier. Une haine si vorace, si dévorante, qu'elle a consumé le reste. Une haine aveugle et sans pitié la pousse en avant. Tantôt très tendre, tantôt terrible, elle n'éprouve pas de pitié et de remords. La haine a brûlé les regrets, la mélancolie ou la douceur d'une image. Elle n'est que ce que la vie a fait d'elle. Dépourvue de prétentions, Neal est simple, binaire. Elle s'exprime avec franchise, avec une certaine droiture. Elle n'aime pas tricher, mentir ou manipuler. Ce qu'elle désire, elle l'obtient. Parfois à la force de sa volonté d'acier, parfois par la bienveillance que son tempérament lui attire.

Neal est aimée, par les petits, les misérables, les laids. Eux qu'elle touche de ses mains pures, qu'elle regarde sans détours. Elle n'a pas peur de se mêler à ceux que les puissants dans son genre ignore et piétine. C'est ce qui fait sa force. Descendrait-elle en Enfer que bien des êtres la suivraient par pur amour.
Inflexible, Neal n'abandonne jamais. Jamais elle ne renonce. Elle franchit tous les obstacles dressés entre elle et son but sans jamais fléchir, sans jamais courber la tête. Partie de rien, misérable créature boueuse, elle est à présent l'une des Évêques. Mais jamais elle n'a abandonné les siens. Incapable de traîtrise, elle ne suit aucune Voie, en dehors de la sienne. Pas même celle de l'Humanité. Elle ne suit que son propre chemin, sans autre préceptes que ses décisions.

Sa loyauté au Sabbat ne saurait jamais être remis en cause. Sa haine pour la Camarilla, son mépris des mortels en font un monstre dans leurs yeux aveugles. Mais ceux qui savent la vérité seuls comprennent ses raisons. Capable de pitié plus que de compassion, elle réserve cela aux siens et traite impitoyablement les autres.
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My Story

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Behind the Screen
• Avatar : Nastya Zhidkova
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Dernière édition par Neal Chaplain le Dim 21 Avr - 21:14, édité 2 fois
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Spoiler:

Les Humains sont des Monstres comme les autres.

© Ecstatic Ruby


"Qui suis-je ?"... "Qui suis-je ?"
L'obsédant écho d'une pensée perdue. Elle entends sa propre voix crier, elle se voit, dans un tout autre corps. Elle se voit couverte de sang et de boue, trébuchant dans les rues.
Et cette litanie, qui menace parfois de la submerger.

"Qui suis-je ?" ... "Qui suis-je ?"
L'angoisse, un instant, étreint sa poitrine d'albâtre et elle porte involontairement sa main à sa gorge, comme si elle suffoquait sans respirer pourtant. Ce geste lui attire l'attention de l'un de ses vozhds mais elle ignore sa pressante inquiétude envers elle, sa maîtresse. D'un mouvement du poignet, d'un sourire à peine esquissé, elle rassure l'être difforme, amalgame de chair, d'os, de mâchoires de chien et de membres épars. Elle se lève, avec des gestes de poupée, dépose ses doigts blancs sur ce qui pourrait s'apparenter de très loin à la tête de la chose. Elle caresse l'un des quatre museaux émergeant de la chair et y dépose un baiser alors que l'horreur s'abaisse à sa hauteur comme une grotesque révérence.
Les réminiscences désagréables lui remontent dans la gorge comme un goût de bile. Elle s'étends sur l'un des sofas et ferme les yeux, comme pour accepter les souvenirs. Elle les laisse monter en elle comme une marée désagréable, une nausée persistante.

Elle se revoit enfant. Un petit garçon albinos d'à peine huit ans. Le garçon en haillons travaille dur pour récurer le dallage de l'auberge. Mais il met du cœur à l'ouvrage. Il sait que sinon il aura droit aux coups de ceinturon. Alors il pense très fort au visage de sa mère et frotte de plus belle. Sa mère l'a promis. Un jour, elle viendra le chercher et ils vivront tous les deux. Ensemble.
Il la voit si peu, cette grande femme aux cheveux blonds très clairs et aux yeux du même bleu délavé que les siens... Elle lui manque terriblement. Mais il s'accroche à la promesse qu'elle lui a faite. Elle viendra, pense-t-il. Et ils vivront dans une jolie maison. Il pourrait même avoir le droit de jouer à la balle, peut-être. Alors en attendant, il faut être sage, bien se comporter.
Même si l'aubergiste sent la mauvaise bière rance et qu'il le frappe parfois. Il n'est qu'un enfant. Il ne sait pas que sa mère ne viendra plus jamais. Il ne sait pas qu'elle vends son corps pour lui permettre de loger dans l'auberge, auprès de l'aubergiste, de sa femme et de leurs trois enfants. Il n'est pas des leurs. On l'affame et on le bat. Mais il ne se plaint pas. Il ne voit pas souvent le soleil, car sa peau est trop fragile et qu'il pourrait subir de graves brûlures.
Il ne sait pas encore que cela fait deux mois que sa mère n'a pas pu payer. Que les retards s'accumulent et que l'on parle dans son dos de le vendre comme commis à un tanneur de Londres. On en tirera quelques sous. C'est bien encore tout ce qu'il vaut. L'année 1813 commence à peine qu'on le vends donc. Cela fait un an qu'il n'a plus vu sa mère. Mais il espère encore qu'elle viendra et travaille encore plus dur pour le tanneur, dans la puanteur du quartier et la misère.

"Qui suis-je ?"... "Qui suis-je ?"
Comme son visage d'autrefois lui semble flou... La maîtresse des lieux sent contre sa main pendant mollement du sofa quelque chose de tiède. Elle remarque qu'on l'a couverte, même si cela est inutile. L'un de ses chiens, un molosse étrange, difforme, ressemblant à un lévrier écorché et hérissé d'os pointus saillant de son dos, lèche doucement ses doigts glacials. Il émet un petit couinement qui prouve que, malgré les déformations ignobles, il reste un animal. Bon chien qui halète et couine pour attirer son attention. A-t-il sentit sa lassitude ? Elle se contente se lui flatter la tête et la truffe, ses doigts pénétrant la chair par habitude, pour caresser l'os. Ses mains de poupée s'enfoncent dans la chair nue, se tâchant de rouge, traçant cinq sillons de ses doigts, qu'elle referme ensuite d'une caresse plus normale. Le geste, hypnotique, l'apaise. Elle s'alanguis de nouveau et les souvenirs la rattrapent. Machinalement elle porte la main à un médaillon d'argent terni par les siècles qui repose contre son cou, entre ses seins, glissant hors de son corsage sur la peau diaphane.

Le garçon a bien grandi. Sa mère n'est jamais venu le chercher. Voilà des années que le tanneur s'est débarrassé de lui. Il erre à présent, mendiant, volant, travaillant parfois pour quelques maigres pièces. Il est rare qu'on l'embauche. L'albinisme fait peur. On craint sa blancheur surnaturelle, on lui jette parfois des pierres.
Voilà des années déjà que le visage de sa mère n'est plus qu'un flou souvenir d'enfance. Il a presque dix-sept ans. Tout ce qui lui reste d'elle est un médaillon contenant une mèche de cheveux blonds, presque blancs eux aussi. Une nuit qu'il erre dans les rues londoniennes, quelque chose fond sur lui. Quelque chose qu'il parvient à peine à distinguer tant c'est rapide. Et fort. La chose lui cogne violemment le crâne et il perds connaissance avant de se réveiller, un peu plus tard, traîné par les pieds jusqu'à un égout. Il n'a qu'un faible gémissement là où il voudrait hurler de toutes ses forces. Il se sent faible. Horriblement faible. Sa gorge le brûle horriblement en une sensation terrible. Ensuite tout est flou. Il sent qu'on le soulève pour le balancer dans l'égout. Il sent le sang qui coule de sa gorge mutilée. Dans un sursaut de force dérisoire, il tente de se défaire de la poigne de son agresseur en se débattant avec plus de violence qu'il ne l'aurait pensé. Il ne veut pas mourir comme ça. Il ne veut pas mourir sans avoir retrouvé sa mère. Il ne veut pas mourir... Il ne veut pas abandonner après tout ce qu'il a vécu... Il ne veut pas... Mourir...

Il ouvre les yeux. Tout son corps brûle horriblement et il réalise qu'il se trouve dans les égouts, surnageant au milieu de l'eau saumâtre, au milieu des rats et de la puanteur. Les gros rongeurs s'éloignent en des cris stridents qui blessent ses oreilles. Se traînant lamentablement, il sent tout son être brûler comme sous l'effet de la fièvre. Et cette faim... Cette épouvantable faim dévorante... Il tremble de tous ses membres. Un gros rat passe près de lui et il l'attrape soudain, plantant ses dents dans l'animal, arrachant un peu de peau, comme pris par une urgence vitale. Le besoin de se nourrir. Il avale le sang, même un peu de chair et de poils. Il a soif... Si soif... Une douleur si vive tord ses boyaux et il se traîne misérablement. Il faut qu'il sorte, il le sait. Qu'il trouve à manger...
Nageant à moitié dans l'eau répugnante, ses cheveux devenus bruns de merde et de boue collant à ses vêtements qui entravent ses mouvements, grelottant, il se saisit d'un nouveau rat et, comme le précédent, avale le sang chaud qui lui fait l'effet d'une fugace étincelle de plaisir, si brève... Il en faut plus... Il faut manger, ou il mourra...
Alors il émerge de l'égout, sur les berges de la Tamise. Traînant des pieds, en état de choc, semblant plus mort que vif, il sait qu'il n'en a plus pour longtemps s'il ne boit pas... S'il ne mange pas... Il a si faim... Si faim... Alors lorsqu'un misérable passe non loin de l'ombre de l'un des ponts, il fond sur le malheureux, déchiquetant sa gorge de ses dents et aspire son sang jusqu'à ne plus en pouvoir. La jouissance sans pareille le terrifie. Mais il a besoin de ça... Tellement besoin... Et lorsque l'aube approche, il retourne, tremblant, par instinct, se terrer dans les égouts, entre horreur et désespoir.

Les Métamorphoses Imparfaites.


"Qui suis-je ?" ... "Qui suis-je ?"
Encore ce rêve... Absurde. Quel besoin y a-t-il pour un Vampire de rêver ? Le jour est passé et ses servants l'ont installé dans son cercueil contenant un peu de terre des bords de la Tamise. L'endroit où elle a grandi, les plus bas quartiers. Elle s'en moque. Nue, elle pousse le couvercle et rejoint la salle d'eau, se coulant dans la baignoire déjà pleine d'une eau inutilement chaude, parfumée de jasmin, sa longue queue serpentine ondoyant dans son sillage comme celle d'un reptile. Bien vite, Margareth la rejoint et, délicatement, passe un éponge sur les épaules d'albâtre de sa maîtresse. La femme d'une cinquantaine d'années a cette rigidité de veille gouvernante anglaise. Neal apprécie son zèle et sa discrétion de goule. Bien qu'elle soit la seule à figure humaine dans cette maison des horreurs, la Tzimisce s'est habitué à sa présence. Margareth est un souvenir à elle seule. Comme ce médaillon terne qu'elle ne quitte pas, dont la mèche de cheveux qu'il contenait est depuis longtemps tombée en poussière. Alors qu'elle émerge de l'eau, sa queue fouettant l'air et éclaboussant légèrement le carrelage, elle laisse sa servante l'essuyer sans broncher, perdue dans ses pensées, tout en écoutant avec plus d'attention qu'elle ne le laisse croire les dernières nouvelles et rumeurs de la secte. La Camarilla se tient tranquille ce soir. Du moins pour l'instant. La nuit sera bonne si elle tombe sur l'un de ces sous-vampires afin de lui faire goûter à l'horreur... Mais il est si rare qu'elle puisse vraiment s'adonner à ces jeux cruels. Ils l'ont de toute façon mérité...

Courir, courir jusqu'à ne plus en pouvoir, avec toutes ses pauvres forces. On est sur ses talons. Il le sent. Il a peur, si peur... Il pleure des larmes de sang tout en courant. Quatre homme sont morts en deux nuits. Ce sont les Nosferatus qui ont trouvé les corps sur les bords de la Tamise. Mais ça il ne le sait pas. Il ne comprends pas ce qui lui arrive. Il ne sait rien des Vampires, des Clans, des Sectes. Il ne sait rien de tout cela. Parce qu'il est une erreur que l'on jette dans les égouts en espérant qu'il meurt. Mais il ne meurt pas à cause de quelques gouttes de sang. A peine assez pour faire de lui ce qu'il est. La vue de son propre reflet dans une vitre l'arrête dans sa course folle et il se fige d'horreur. Outre le sang et la souillure, son visage n'est plus le même. Mais soudain, l'angoisse le rattrape comme un coup de poignard en plein cœur : le visage qu'il pensait avoir est-il vrai ? N'a-t-il pas pensé être différent ? L'albinos ne peut se détacher de son reflet, de son visage déformé, sa peau comme malaxé par des mains invisibles, y laissant des marques profondes. Défiguré, ignoble à voir, il n'a gardé de son physique - ou de ce qu'il pensait être son physique - que ses cheveux de neige et ses yeux délavés. On le rattrape aisément. On le jette au sol, on le roue de coups et on lui enfonce une lame  en plein cœur.
C'est ainsi qu'il reprends conscience, couché sur le sol froid d'une cellule sans fenêtre. Il demeure gisant et pleure de nouveau, vomissant un filet de sang, malade et terrifié. Trois hommes entrent, vêtus de vêtements raffinés, d'un noir d'encre. L'un lui prends le bras sans qu'il ne puisse bouger, spectateur de son propre corps. L'homme lui pique le bout du doigt, recueillant une perle de sang qu'il goûte avec suspicion.
Malgré la lame dans son cœur, Neal - ou ce qu'il reste de lui - essaye de parler, surpris d'y parvenir avec difficulté. Il supplie les hommes de l'aider. Il les implore de toutes ses forces, en appelle à leur pitié, demande ce qu'il est, ce qui lui arrive, supplie pour sa libération. Il pleure, en de longs sanglots déchirants, psalmodiant des suppliques pour qu'on lui dise ce qui lui arrive, ce qu'il est devenu.
Mais les hommes restent froids et celui ayant goûté son sang crache au sol avec un dégoût flagrant. Il entends le mot "Tzimisce" mais il ne sait même pas ce que c'est. Il redouble de suppliques mais on le fait taire de quelques coups de pieds dans les cotes. On parle de prévenir un Prince. Neal ne comprends rien à ce qu'ils disent. On referme la porte sans lui prêter plus d'attention.
Finalement il cesse de pleurer, se contenant d'attendre ce qui lui semble être des heures. Ses sens sont terriblement exacerbés. Il entends au travers de la porte un homme et une femme discuter. Ils disent qu'ils devraient le tuer immédiatement. La femme rétorque que c'est au Prince de choisir comment l'exécuter. L'homme réplique qu'ils pourraient l'utiliser pour leurs expériences, que même s'il est onzième génération, il pourrait être utile. Mais du bruit dans le couloir l'informe que plusieurs autres personnes arrivent.
On ouvre la porte avec fracas et un homme se penche sur lui pour retirer la lame avant de lui annoncer avec dégoût et, dans un sourire cruel : "Tu vas commencer à courir, petit Tzimisce. Et je vais lâcher mes fléaux. Ce sera un divertissement certain pour eux."

Neal ne sait pas ce que sont des Fléaux. Mais lorsqu'on le jette dehors, il part en courant, sachant qu'il ne tardera pas a être encore talonné. Il est terrorisé mais il connait bien Londres et c'est dans Whitechapel qu'il se réfugie, trouvant une cache de fortune à l'entrée des égouts, semant, contre toute attente, temporairement, ses poursuivants.
Il n'en a plus pour longtemps, il le sait. Il nage en plein cauchemar depuis son attaque par il ne sait trop quoi.
La misérable créature se ramasse sur elle-même au fond du cul-de-sac près des égouts et implore de toutes ses forces que quelqu'un vienne à son secours. Il prie dans le secret de son esprit, il prie comme il a imploré les êtres qui l'ont traité de Tzimisce. Il prie pour ne pas mourir et que sa souffrance s'apaise.

L'élu de la Lune et la Prophétesse


Soudain, un bruit à l'orée de sa cachette précaire. Il se dresse, près à s'enfuir encore, conscient d'être acculé. Mais ce qui parait dans la pénombre ne ressemble pas à l'idée de ce qu'il se fait d'un "fléau". C'est une femme d'une quarantaine d'années, aux cheveux bruns bouclés en désordre, ressemblant plus à une putain de Whitechapel qu'à quelque horreur menaçante, avec sa robe défraîchie laissant franchement deviner ses appâts. Elle ne semble guère étonnée de le trouver là, dans cet état si monstrueux et elle se contente de s’assoir en face de lui, familière. C'est comme si elle avait toujours été là. Comme si elle le connaissait depuis toujours. Elle caresse le visage mutilé de la pauvre chose qu'il est devenu. Neal sent de nouveau couler les larmes de sang. Mais l'inconnue, sans un mot, semble tout comprendre, tout savoir. Elle lui sourit, avec cet air de pauvre folle. Elle se penche pour lui prendre les mains et lui dit qu'elle est venu chercher l'enfant de la lune rejeté par le soleil. Elle lui dit qu'elle vient pour l'aider, qu'elle est son amie, parce que le Destin l'a décidé ainsi. Elle savait où le trouver et l’accueille contre son sein alors qu'il pleure soudain dans son giron. Elle l'apaise étrangement, lui disant qu'elle va guider ses pas dans sa métamorphose. Qu'elle sera toujours son amie et qu'elle ne l'abandonnera jamais. Elle le dit avec une telle force dans la voix que Neal y croit.
Il apprendra plus tard que Ludwina est une Malkavienne antitribu, une étrange créature dotée d'un trouble don de double vue, dont les prophéties, aussi fumeuses qu'elles puissent être, sont parfois teintées de réalité.

C'est ainsi que Neal fait véritablement ses premiers pas dans la non-vie. Ludwina le cache quelques nuits, sans qu'il sache que les fameux fléaux ont échoué et que le Prince a libéré un Tzimisce par pêché d'orgueil.
Tout aurait pu être différent, s'il l'avait alors tué, tant qu'il était entravé. Mais ni le Prince, ni Neal, ne savent encore que le premier à fait du second une arme braquée sur sa tempe.
C'est la Malkavienne antitribu qui lui apprends à se nourrir, ce que sont les Vampires et comment fonctionne leur société. Il découvre le Sabbat avec un mélange de crainte, de fascination et de dégoût. Présenté à l'Archevêque, ce dernier l'accepte en leur sein lors de son premier Autoritas Ritae.
Le Sabbat lui donne une chance de survivre, de devenir plus fort. Le Sabbat l’accueille là où la Camarilla l'a rejeté. La secte devient sa famille. Il veut survivre, s'accrochant à l'existence avec une opiniâtreté féroce, motivé par une haine grandissante. La haine de ceux qui l'ont toujours piétiné et traîné dans la boue.
Ceux qui l'ont vendu, ceux qui l'ont exploités, ceux qui se sont toujours détourné de lui dans la rue quand il mendiait, ceux enfin qui ont ignoré ses suppliques quand il ne savait même pas qu'il était devenu un Vampire.

Ludwina ne le quitte pas, ainsi qu'elle l'a prophétisé. Elle apprivoise le jeune Tzimisce, l'aide à maîtriser ses pouvoirs. Neal se recompose un visage. Mais le choc de son Etreinte a rendu sa mémoire imparfaite et celui qu'il dessine devant le miroir est une vision faussée de sa propre apparence. C'est toujours un albinos mais il ne se ressemble pas. Certains fragments de son passé lui font défaut. Il souffre de troubles identitaires et refuse tout contact avec ses pairs Tzimisces. Il se plait au milieu des Parias, des Sans Clan de tout poils. Les autres Démons le méprise car il est le fruit d'une Etreinte de hasard. Il n'a pas été choisi. Neal s'en moque, il se constitue une meute avec des pauvres ères et Ludwina. L'Archevèque Lasombra de l'époque lui apprendra a être un Prêtre à la demande de Ludwina. Qui savait ce qu'elle avait fait pour convaincre l'éminence de rendre ce service à un Nouveau-Né... Les années passent, Neal se construit une identité, finissant par accepter les brisures de son passé, dont les réminiscences lui parviennent parfois. Il conserve sa haine, sa rage de vivre, et en fait une arme au service de la Secte.
Il tourne le dos à l'humanité avec les années, sa meute étant connue pour être des plus féroces. Tout Camariste est tué sans pitié, de préférence lors de jeu de chasse. La proie d'autrefois devient le chasseur.
Mais Neal reste un solitaire, malgré les autres qui l'entourent. Il se terre dans les sous-sols d'une usine désaffectée, pour haïr le monde entier à loisir, pratiquant des expériences sur la chair, sur lui-même d'abord, puis sur les animaux et enfin sur les humains. Mais ses résultats sont malheureux. Il n'est pas le plus puissant des siens, il n'est qu'un bâtard, un corniaud sans Sire, qui essaye de survivre à tout prix.
La révolution industrielle passe et l'aube d'un nouveau siècle se lève sur Londres, alors que Neal approche doucement des cent ans. Il n'a jamais retrouvé sa mère humaine, qu'il jette au feu comme tous les autres : elle l'a abandonné. Mais il conserve le médaillon, parce qu'il ne lui reste presque rien de sa vie. Peu de souvenirs, ces bibelots encombrants dont on ne sait jamais vraiment que faire.
La première guerre mondiale passe finalement et l'année 1930 marque un tournant pour Neal.

Dans les bas-fonds du Sabbat, l'on raconte qu'un Voïvode est arrivé en ville. Un puissant seigneur Tzimisce sur lequel court les plus folles rumeurs. On le dit si puissant qu'il pourrait raser Londres avec son armée de vozhds. On le dit haut de trois mètres, hérissé de pics et de lames. On dit beaucoup de choses. Mais le puissant Ancien est bien là.
Neal, lui, ne s'est guère soucié de la venue d'un membre de son Clan. Il n'a pas accepté son héritage, qu'il a reçu sans le souhaiter. S'il accepte sa nature de Vampire, il haït ses pairs et se désintéresse de leurs intrigues, tout comme les autres se désintéressent de lui. Mais c'est sans compter sur Ludwina.

L'Archevêque convoque le Tzimisce sans père. Neal ne sait pas encore ce qui l'attend. Devant lui, il trouve son imposant supérieur - qu'il respecte comme les petits respectent les grands - et un inconnu. Le Voïvode est un homme étrange, largement bâti, haut d'environ deux mètres, au crâne ovoïde, lisse et chauve, hérissé de pointes d'os en symétrie parfaite. Ses yeux ont un vert profond et surnaturel qui le transperce sur place. Il se dégage du seigneur Tzimisce une impression terrible, une force d'âme incroyable. Neal n'est qu'un jeune Vampire qui ne sait pas trop ce qu'il fiche ici.
L'Archevêque lui ordonne tout simplement de partager son refuge avec le nouvel arrivant. Mais l'infant non désiré proteste tout de même, arguant que son repaire ne sied pas à un seigneur.
Les yeux verts du Tzimisce le clouent sur place alors qu'il ose croiser son regard. Il glisse simplement d'une voix basse et très douce, au contrario de son apparence monstrueuse, que si son Archevêque le lui ordonne, il se doit d'obéir. La remontrance est dite avec tant de douceur mais avec une telle majesté que Neal ne peut que se soumettre. Il se contente de s'incliner et d'inviter le Démon à le suivre.
Ils ne voient pas Ludwina quitter le couloir avec un petit sourire, dans un froissement de robe.

Le vieux Père et l'Enfant Lune


"Je ne suis que le reflet de notre Amour."
Dans le miroir de la salle d'eau, la créature s'observe un instant. Si Margareth est un souvenir, elle-même est le dernier, le plus cher, le plus précieux. Chaque détail de sa peau, de son corps...
Le manque s'invite parfois, dans le cœur insensible en apparence. Le sentiment qu'elle éprouvait jadis n'a jamais changé. Il est resté le même, devenant simplement plus lointain, plus mélancolique. Elle le conserve en sachant que c'est peut-être encore la seule chose qui la sépare vraiment de la Bête et de ses délires.
Car elle est douce et cruelle à la fois. Tendre et mauvaise.
Mais penser à Vojislav, même après toutes ces décennies, la plonge toujours dans ce doux sentiment. Elle promène ses doigts sur le médaillon et l'ouvre finalement. A la place des cheveux de sa mère, depuis longtemps disparus, il y a un petit portrait peint dans un chef-d'oeuvre de précision afin de s’enchâsser parfaitement dans son bijou. Ainsi, il est toujours un peu avec elle. La Non-Vie les a fait marcher sur des chemins différents. Elle sait qu'elle lui doit beaucoup. Peut-être même tout ce qu'elle est à présent.
Car il lui a donné un visage, à elle qui n'en avait plus vraiment. Car il lui a appris à lire et à écrire. Il l'a instruite sur son propre clan, plus qu'aucun Sire n'aurait jamais pu le faire. Elle ignore si ses sentiments immatures ont un jour seulement trouvé un écho dans le cœur du Voïvode. Mais cela n'est pas important et ne l'a jamais été.

La cohabitation entre le jeune Tzimisce et l'Ancien n'est pas aisée. Neal est un électron libre par trop sauvage, dévoré de haine envers ses pairs, souffrant en réalité de leur mépris. Le plus vieux, lui, est particulièrement désappointé du choix de l'Archevêque quant à son hôte. Il y voit un manquement flagrant à l'hospitalité d'un hôte de marque. L’Archevêque s'inquiète de la tournure des événements : et si la prédiction de Ludwina était fausse ?

Les semaines passent. La colère première du Voïvode s'apaise. Il découvre que le jeune dont il partage le refuge misérable est un membre de son clan qui n'a jamais eu de Sire. Il commence peu à peu à questionner Neal, à chercher à en savoir plus car la situation finit par l'intriguer. Pourquoi l'avoir fait héberger par ce jeune qui fuit sa présence comme la peste et dont les yeux brûlent de haine ? Pourquoi un affront si évident à la loi d'hospitalité que de le faire habiter avec ce petit qui ne connait rien de leurs affaires ? Même de la part d'un Lasombra londonien, cela le surprend assez pour qu'il passe outre sa fureur première. Il est un homme de guerre, mais également un homme cultivé.
Il étudie Neal, ses habitudes car le Tzimisce sans lignage ne s'ouvre pas à lui et demeure une ombre fuyante. Il l'observe, quand ce dernier n'en a pas conscience. Il voit la meute, il voit l'application que met Neal dans son statut de prêtre. Il voit combien les petits l'aiment. Parce qu'il est comme eux. Il brûle d'une flamme véritable et contagieuse. C'est un meneur derrière les apparences. Il possède une volonté puissante, une force mentale qui incite les siens à le suivre. Pourtant, il voit les maladresses, les défauts de la cuirasse. Il voit aussi les sourires qu'il donne à cette Malkavienne qui est presque toujours avec lui. Il voit que la haine se tempère en sa présence tout en s'exacerbant alors qu'il pourchasse des Camaristes. Il voit sa fureur à les massacrer, sans pitié aucune, la jouissance qu'il prend lorsque l'un d'eux tombe, lorsque le coup de grâce lui est porté.
L'albinos l'intrigue. Vire à l'obsession pour le Seigneur : un homme comme lui n'a pas l'habitude que les mystères s'épaississent sans qu'il parvienne à en déchirer le voile. Il voit aussi très bien que la Malkavienne l'a remarqué depuis longtemps. Mais elle se contente souvent d'une révérence ou d'un sourire narquois.
Il se renseigne sur cette dernière et apprend les dons de Ludwina, il apprend qu'elle n'est pas qu'une Sabbat comme les autres. L'Archevêque lui-même ose émettre qu'elle est capitale. Ses visions, ses dons...
Quel rôle a-t-elle joué dans la situation première ?

Vojislav tourne en rond. Mais il a de toute façon toute la guerre pour éclaircir ce mystère, pense-t-il. Mais c'est sans compter sur les hommes et leur folie. Après dix années passées, Neal est toujours aussi sauvage, bien qu'il réagisse de manière moins épidermique à sa présence, demeurant parfois dans la même pièce que lui, à lui jeter des regards farouches. C'est comme apprivoiser un animal sauvage et le Seigneur loin de chez lui y voit finalement un signe du destin. Le nazisme à son paroxysme l'empêche de retourner tranquillement sur ses terres, à ses affaires. Il est toujours coincé à Londres, dans l'usine désaffectée. Finalement, cela ne le dérange plus. Un soir, cependant, alors qu'il était encore à l'intérieur du bâtiment, Neal fonce droit vers lui, l'enjoint à le suivre, le pressant avec une telle virulence dans la voix que l'Ancien obtempère et court sur les pas du jeune homme qui dévoile un passage secret dans l'usine, menant aux caves, puis aux égouts de Londres. Ils pataugent un peu dans le bourbier et la fange. Au dessus d'eux, soudain, le ciel se déchire et les bombardiers ennemis font pleuvoir sur Londres leurs obus de mort.
Le bruit assourdissant du bombardement et des sirènes d'alertes humaines leur parvient. La guerre a rattrapé le Tzimisce Slave. Terré dans les égouts, dans un coin plus sec et relativement propre que semble bien connaître Neal, ils ne peuvent qu'attendre. L'albinos est assis à côté de lui, à quelques pas, la tête dans les genoux, alors que le bruit des bombes s'intensifie. Le grand Tzimisce, dans toute sa superbe, est finalement dans la même galère que le petit jeune.
Finalement, Neal accepte de lui parler face à ses interrogations. Ludwina a eu une vision. Elle et lui étaient partis pour prévenir l'Archevêque de s'abriter. Ils ont joués les messagers conte la Mort Ultime en courant prévenir les uns et les autres. Mais, alors qu'il devait rejoindre les autres à l'abri, il s'est souvenu de lui.
Le Voïvode est touché, sans rien en dire, par le petit Tzimisce qui a affronté le risque du bombardement pour lui permettre de s'abriter.

La bataille de Londres durera de longs mois, jusqu'au printemps 1941. La vie pour les Vampires Sabbats sera difficile. Beaucoup périront. D'autres quitteront la ville. Mais Neal est toujours là. Il protégera une seconde fois la vie de son Ancien contre une bande de Nosferatus qui avait trouvé leur refuge contre les bombardement. L'immense puissance du Voïvode avait été prise de vitesse par Neal, qui n'avait pas hésité un instant à bondir dans la mêlée afin de protéger son aîné d'une attaque plus rapide sur son flanc droit. Le combat fut bref, les cinq Nosferatus ne faisaient pas le poids face à un puissant du clan Tzimisce.

Vojislav sait à présent qu'il commence à apprivoiser Neal. Peu à peu, ce dernier commence à se montrer moins fuyant. Les moments passés dans la puanteur des égouts, à écouter les bombardements les rapprochent. Neal livre quelques bribes de ce qu'il est à son compagnon d'infortune et le seigneur apprends les circonstances de l'Etreinte de Neal avec circonspection : par quel genre de miracle, de hasard ou de destin, un simple mortel a-t-il pu boire quelques gouttes de Vitae alors qu'il n'était qu'un repas d'un soir ? Neal ne le sait pas lui-même. Il sait juste qu'il s'est débattu et qu'il a du griffer, mordre... Et que c'est ce dernier geste qui a suffit à faire de lui ce qu'il est. Il avoue avoir été capturé par la Camarilla puis pourchassé comme un gibier lors d'une chasse à courre et que c'est finalement Ludwina qui l'a trouvé. Les pièces du puzzle s'assemblent petit à petit, au fil des semaines.
Au fond, Vojislav est impressionné d'une telle volonté de vivre. Neal est un enfant de Londres, marqué au fer par sa haine de son clan, de la Camarilla, méprisant les mortels comme ils l'ont autrefois méprisé.

Lui-même lui parle de son pays, de la vie du clan sur les terres Slaves. Il lui conseille quelques ouvrages à lire. Mais s’aperçoit qu'à cette mention, le Tzimisce albinos se renferme considérablement. Il réalise que l'enfant de rien n'a jamais rien obtenu : ni éducation, ni affection des siens, ni tendresse. La haine brûlante de Neal est ce qui le guide. Alors, petit à petit, il lui livre les secrets des leurs. Ce que tout bon Tzimisce doit savoir et que personne n'a jamais appris à cet enfant abandonné, par mépris, par ignorance. La guerre les rapproche et, parfois, Neal voudrait que les bombardements ne cessent jamais. Parce qu'il commence à ne pas vouloir que l'Ancien s'en aille. Lui qui n'a jamais été instruit de grand chose en dehors de son apprentissage de Prêtre, a soif d'apprendre. Neal se révèle un Caïnite curieux, posant beaucoup de questions. Il est un élève appliqué, dans le secret des égouts où Vojislav lui apprends les secrets du monde, lui qui en est une antique figure. Il commence à lui apprendre à écrire, à la craie, sur le sol des égouts. Pour la première fois depuis dix ans, Neal sourit à l'Ancien, cherche un peu sa présence lorsque la fin des bombardements leur permet de reprendre une non-vie plus aisée. L'usine désaffectée est depuis longtemps rasée. Le Seigneur Tzimisce achète donc une demeure victorienne dans un quartier plus épargné, engage une domestique anglaise dont il fait sa Goule. La vie reprend ses droits.
Neal rôde souvent près de la maison de l'Ancien, cherchant à l’apercevoir par l'une des fenêtres. Ce dernier aide à relever le Sabbat de Londres. Mais il voit bien le manège de l'albinos. Cela sert à finir de l'apprivoiser. Neal se rend compte combien son aîné lui manque. Il perd goût aux autres choses et délaisse les quelques survivants de sa meute. Même Ludwina ne peut lui redonner le sourire. Il perd peu à peu goût à tout.
L'absence à ses côtés de l'autre Tzimisce le blesse terriblement. Il pense que l'aîné fait comme tous les autres, qu'il l'abandonne. Comme sa mère, comme tout le monde en dehors de son amie Malkavienne. Mais il n'ose encore frapper à sa porte. Il n'a pas confiance en lui, derrière le vernis craquelé de la haine et des apparences.

Il viendra des semaines durant rôder devant la maison, comme un corniaud que l'on ne veut plus laisser entrer. Un jour la guerre finira et Vojislav partira de nouveau pour son pays. Peut-être n'est-ce qu'une question de mois...
Alors, un soir où l'Aîné sort avec quelques autres Tzimisces survivants, il les suit jusqu'à l'Opéra. Tous ont l'apparence qu'il déteste de riches en complets de tweed et à chapeau haut de forme. Même Vojislav quitte sa si terrible apparence pour aller à quelques frivolités...
Neal ne sait rien de la politique interne des Tzimisces de Londres. Il change son apparence pour la première fois depuis très longtemps, se sachant trop repérable, prenant les traits d'une garçon d'environ vingt ans, aux cheveux bruns, au visage constellé de tâches de son mais garde ses yeux délavés. Il attaque un jeune mortel dans une rue, lui volant des vêtements de jeune bourgeois. A l'entrée de l'Opéra, il se faufile à l'insu de tous, droit vers le petit groupe de Tzimisce. Il en bouscule quelques-un avec effronterie et prend une inspiration inutile pour se saisir de la main de l'Ancien. Ce dernier se fige, plus par surprise que par colère et croise les yeux si reconnaissables de l'orphelin. Les autres membres du clan semblent prêt à abréger directement la non-vie du garçon qu'ils ne reconnaissent pas. Mais, avec une douceur surprenante, Vojislav lâche la main tremblante. Neal déglutit, tremblant de son audace idiote. Mais son aîné se contente d'entourer ses épaules de son bras, reprenant sa conversation avec les autres comme si de rien n'était et de reprendre leur marche jusqu'à la loge. Comprenant tacitement, qu'à présent, le jeune Tzimisce veut enfin assumer sa nature et être l'un des leurs et plus un paria sans lignage.
Neal n'est jamais allé à l'Opéra. Il découvre tant les affaires intérieures du clan Tzimisce de Londres que le spectacle, bien serré contre le flanc de Vojislav qui l'entoure d'un bras apaisant.

Etre le Reflet de nos Amours silencieux.


"Toutes les choses changent et se transforment, c'est la loi des métamorphoses."
La Tzimisce referme le médaillon, en caressant du doigt les reliefs délicats. Elle ne saura jamais pourquoi elle, ni pourquoi lui. Elle sait juste qu'elle l'a aimé et qu'il fut le seul à lui inspirer un sentiment si fort. Le temps n'a pas terni cela. Il est loin à présent. Et elle est une Evêque.
C'est encore un peu grâce à lui. C'est Vojislav qui lui a donné le savoir nécessaire pour gravir les échelons, pour ne pas toujours rester la chair à canon de la secte. Lui et tous ceux qui ne sont rien. Ludwina aussi, avec ses visions. Elle sait qu'elle est la figure de proue de beaucoup de Panders, de nouveaux-nés malchanceux. Parce qu'elle n'a pas oublié d'où elle venait. Jamais. Parce qu'elle a simplement décidé de devenir elle aussi une puissante lors de cette soirée à l'Opéra. Parce qu'un Voïvode a passé son bras autours de ses épaules, pour signifier à tout le clan qu'elle était à présent des leurs. Cela n'a pas déclenché que du bien et a attiré sur elle l'attention d'une meute de loups implacables. Mais elle avait fini par réussir à les affronter, pour un combat qui dure encore, nuits après nuits et qui reprend au moindre signe de faiblesse de sa part.

En 1944, peu avant un nouveau bombardement londonien, quelques affaires dont il a le secret rappellent le Voïvode aux siens et, malgré la situation toujours aussi tendue en Europe, Vojislav doit rejoindre l'Ukraine en pleine fin de guerre mondiale.  
Neal apprendra son départ de la bouche de Ludwina. Sans au-revoir, ni grands discours, l'Ancien est repartit. Bouleversé au delà du raisonnable, Neal court à la demeure, qu'il trouve vide. Plus de trace du Tzimisce, ni de sa goule anglaise. Il n'y a plus que le néant. L'albinos s'écroule, ressentant pour la première fois la sensation d'avoir le cœur brisé. La douleur est sans mesure. C'est son amie Malkavienne qui lui donnera finalement une lettre qu'elle sort de son corsage démodé. Il ne sait pas encore assez bien lire et Ludwina lui lira alors la missive que le Seigneur lui a confié avant de partir, alors qu'elle apparaissait près du train, comme si elle avait su que le Démon avait tant hésité à laisser le pli à Neal qu'il allait finalement partir en l'emportant.

Vojislav y parlait du danger de la guerre, qu'il ne pouvait laisser encore son domaine sans surveillance, que des malversations pourraient bien conduire à sa perte. Il y suppliait Neal de ne pas chercher à le rejoindre immédiatement. Il y parlait à mots couverts, pudiques, de son désir qu'il ne tente pas un voyage si périlleux afin de ne pas le perdre bêtement à cause de la guerre. Il lui ordonnait de ne pas se mêler de cela, que cela le dépassait et qu'il ne ferait que le gêner.
Mais il terminait sa missive par un post-scriptum, comme écrit à la hâte.
"Lorsque tout sera calmé, je t'écrirais. Tu seras mon invité comme j'ai été le tien. Attends mon courrier et retrouves-moi à Kiev."

Neal attendit alors. Il attendit tout en aidant à redresser le Sabbat de la ville, acceptant les missions de l'Archevêque, travaillant en son nom. Nul parmi les têtes du Sabbat n'ignorait à présent que le jeune sans Lignée était un protégé du puissant Voïvode. Cela lui valu de la haine, mais également des faveurs, lui ouvrant des portes. L'Archevêque avait toujours été bon pour Neal et ce dernier le servait avec efficacité. Quelques Tzimisces l’intégraient à présent, l'invitant à leurs débats et il écoutait et apprenait à faire partit des Démons.
Neal se rendait compte avec les mois d'absence de son amour pour Vojislav. Un amour très pur, aussi pudique que lui. Mais d'une sincérité et d'une pureté étonnante pour lui qui était toujours habité par tant de haine. Il attendit cependant, fidèle à la demande de son protecteur. Il attendit et attendit le courrier qui lui permettrait de le revoir. D'être de nouveau auprès de lui. Comme pendant les quatorze années qui étaient passées en un battement de cils.

Finalement, la missive arriva, apportée par sa fidèle amie de toujours. Le pli a son nom était une invitation très formelle et officielle contenant des billets de train, ainsi qu'une heure pour retrouver sa goule à la gare de Londres d'où il pourrait voyager en sécurité dans son cercueil.
Sautant pour la première fois au cou de Ludwina, lui qui était toujours si peu démonstratif, il l’entraîna dans une valse, pleurant et riant en même temps de soulagement et de bonheur.

Les choses furent rondement menées et il quitta l'angleterre pour la première fois en 1945, peu après la fin de la guerre. La goule était la gouvernante anglaise que Vojislav avait emmené avec lui en Ukraine. Cette dernière se présenta comme étant Margareth Colins et veillerait à son bien-être pendant le voyage.

Il fallut plusieurs semaines pour rallier Kiev, Neal ne s'autorisant que quelques rares et discrètes sorties de son cercueil lors de leurs escales pour visiter un peu les villes traversées, chaperonné par la diligente Margareth. La vieille anglaise tirée à quatre épingles, avec son fort accent, les conduisit finalement jusqu'à Kiev, d'où ils prirent une voiture afin de rejoindre un petit village a près de trois heures de la capitale.
Neal s'était imaginé bien des choses mais la vision de l'antique château dressé sur les hauteurs du village dans la nuit étoilée était sans pareille. L'endroit respirait une majesté perdue, une splendeur moyenâgeuse qu'il n'avait pas connue. Ils traversèrent le village et arrivèrent finalement devant la grande porte du château, coupant le souffle de Neal.
Margareth lui ouvrit, s'occupant de ses quelques bagages et il fut accueilli par le Voïvode.
Le Maître des lieux semblait plus puissant encore, plus charismatique que jamais, du haut de ses deux mètres avec son apparence si alien... Il était magnifiquement paré et Neal s'en trouvait si intimidé qu'il se contenta de poser un genou à terre, baissant les yeux, comme un vassal devant son roi, le cœur débordant de trop d'émotions. Mais son aîné le releva gentiment, lui donnant l'accolade et l'accueilli dans ce chez lui qu'il lui avait tant décrit.

Neal découvrit l'Ukraine, la majesté des balades au clair de lune avec son hôte. Ils pouvaient parler des heures durant de toutes sortes de sujets. Neal finit son apprentissage de la lecture et de l'écriture auprès de son protecteur, apprenant de nombreux secrets du vieux clan, dont son ami faisait partit. Il apprit bien plus que quiconque lors de ces nuits avec le vieil enfant de Caïn.
Vojislav lui apprit à façonner des vozhds, il lui apprit la vicissitude poussant les pouvoirs de Neal à un point peu souvent atteint par un vampire d'un siècle et demi. Ils firent de nombreuses expériences avec la chair, l'albinos se découvrant un goût certain pour sa discipline première.

Les années passèrent comme un songe et les années soixante ne firent que les effleurer. Complices, ils se nourrissaient de la présence de l'autre, dans cet immense château. Neal réalisait pourquoi son clan était si attaché à cette région du monde. Il aimait cette vie hors du cours normal du temps. Il aimait simplement Vojislav, bien qu'il ne le lui avouait pas. Sa simple présence le rendait heureux, sans autre prétention. La vaste bibliothèque aurait aussi eu de quoi l'occuper plusieurs siècles. Les expériences sur la chair était aussi des plus plaisantes et il créait avec brio ses goules, se montrant parfois plus fantaisiste que son maître. Peut-être était-ce simplement l'âge qui le rendait plus audacieux. Mais Vojislav reconnaissait volontiers que les modelages de Neal étaient aussi plus délicats, plus harmonieux. Il y avait dans sa manière de sculpter la chair comme une sensibilité dévoilée par ce biais, une sorte de douceur, de beauté de l'exécution et un sens du détail. Si certains ajouts n'étaient qu'esthétisme, certaines formations d'os, de chair et de gemmes étaient l'oeuvre d'un esprit délicat, là où celles du maître des lieux étaient plus fonctionnelles et agressives.

Mais tout à une fin et le bonheur est un papillon dont l'attrait réside en son caractère éphémère.
Londres ne manquait pas à Neal, sa correspondance régulière avec Ludwina lui apportait des nouvelles de la ville ainsi que de son amie, devenue avec le temps le bras droit de l'Archevêque, son conseiller de l'ombre. La Camarilla s'enfonçait dans la décadence et le Prince Maxwell s'associait aux Sethites, affaiblissant la Tour d'Argent. Maxwell était celui-là même qui avait ordonné son exécution lors de sa naissance.
Neal savait qu'il serait utopique de rester pour toujours auprès de Vojislav. Dans sa dernière lettre du printemps 1973, Ludwina terminait par "je t'embrasse et te dis à l'automne."
Il n'avait pas compris tout de suite. Mais comme si son maître et hôte avait lu dans ses pensées, il lui signifia qu'il avait appris tout ce qu'il était nécessaire pour devenir quelqu'un.
Devenir quelqu'un signifiait retourner à Londres. Ne plus voir le vieux Tzimisce. Etre séparé de lui était la pire chose sur terre.
Ils risquaient de ne plus jamais se revoir. La Mort Ultime pourrait les frapper, l'un comme l'autre. La place de Vojislav était en Ukraine, la sienne à Londres.
Alors, il fut convenu de son départ à l'automne. Les derniers mois Neal et Vojislav, comme mû par la même urgence du temps qui passe, passèrent la moindre minute ensembles. Parfois, simplement côte à côte à lire, leurs bras se frôlant. Parfois se promenant dans la campagne, à cheval, sous les étoiles. Chassant de concert. L'idée d'être séparé du seul homme qu'il ait jamais aimé était un déchirement pour Neal.
Alors que le soir redouté approchait, l'avant-veille de son départ, alors même que ses affaires étaient déjà empaquetée, il s'accrocha au torse de son maître, se serrant contre lui, et l'implorant entre ses larmes.
"Fais-moi comme tu m'aimes. Donne-moi mon visage pour que je portes ton souvenir gravé dans ma chair."

Le soulevant sans effort, le vieux Tzimisce prit son cadet dans ses bras, le serrant contre lui, l'emportant dans ses appartements, l'allongeant sur le lit, observant le visage de l'albinos, leurs yeux s'affrontant avec quelque chose de différent.
La nuit entière, le vieux Tzimisce modela le corps, la chair et les os, avec la plus infinie tendresse. Muscles, tendons, organes. La sensation des mains aimées dans son corps, caressant son squelette avec patience et adoration... Il supportait la douleur sans broncher, savourant l'intime contact. Le plus parfait et le plus pénétrant de tous. Il lui donnait son corps afin qu'il soit le miroir de leur amour a jamais inavoué. Pour sceller dans son être le souvenir de cette nuit. De son visage concentré alors qu'il lui dessinait une nouvelle silhouette. De ses yeux verts qui détaillaient ses organes en réfléchissant à comment les placer. Il le vit faire disparaître tous ses attributs sexuels. Etait-ce ainsi qu'il l'aimait ? Ou bien voulait-il simplement à jamais garder pour lui le privilège de l'abandon de son ami ?  
Il lui fit don d'un corps, d'une perfection inhumaine. Sa plus belle oeuvre, car la plus chère à ses yeux. Il fit Neal ainsi qu'il l'avait toujours vu. Il le fit sien, s'appropriant son visage et sa beauté. Il le fit parfait ainsi qu'il l'avait toujours été pour lui.
Et, devant le grand miroir à pied où l'anglais observait sa nouvelle apparence, il la couvrit d'un drap, entourant de ses bras. Ce jour là, malgré la difficulté pour eux de ne pas dormir dans leur terre natale, ils se couchèrent ensemble, dans le même cercueil. Deux monstres enlacés, aux cœurs morts, dans le secret de la vieille crypte.

La Haine couronne la fiancée du Démon


Près de trente ans plus tard, Neal retrouva Londres l'enfumée. La vieille ville avait bien changé. Il eut du mal à reconnaître ses quartiers, ses rues autrefois familières. Il retrouva Ludwina, toujours si familière. L'Archevêque l’accueilli de nouveau au Sabbat, dans sa famille. Trente années passées auprès du seigneur Tzimisce l'avait métamorphosée et elle apprécia assez le petit remue-ménage qu'elle causa.
Vojislav lui avait donné Margareth. La vieille goule était pour sa part heureuse de revenir sur la terre de ses ancêtres et elle aida sa nouvelle maîtresse à s'établir dans une vieille demeure de Whitechapel, se mettant à son service avec la diligence discrète qui la caractérisait. Malgré l'effervescence des premiers mois afin de se construire un statut - elle était passée d'orpheline paria à enfant prodige d'un Voïvode - et de se mêler à son clan, l'absence de son amour lui était pénible. Elle choisit de remiser cela dans les intrigues politiques et devint en quelques années une créature influente auprès des siens. Le savoir accumulé lui était précieux. L'étendue de ses pouvoirs lui ouvrait la voie de la crainte et du respect. L'Archevêque, voyant la montée en puissance de la Tzimisce, s'attacha à ses fréquentations, croyant à peine que la Neal qui réapparaissait était le même que celui qui était parti en 1945. Cultivée, douce mais impitoyable, elle semblait se délecter du chaos Camariste plus que quiconque, aidant à organiser quelques escarmouches subtiles afin de saper l'autorité du Prince. Elle entra elle-même en tractation avec les Sethites, mettant comme elle disait "les mains dans la merde du vase canope", parvenant à un accord avec deux d'entre eux afin qu'ils poussent encore plus le Prince à s'endetter et à pousser la Camarilla vers la ruine et Maxwell vers la mort ultime.
Son plan marchant comme elle l'avait prévu, épaulée par Ludwina, elle profita de son retour pour renouer avec "la chair à canon" comme disaient les puissants qui lui ouvraient à présent les bras. Les membres de son ancienne meute étaient tous morts avec les années. Seule restait sa meilleure alliée et amie. Alors elle s'employa à s'attacher des amis, son nouveau statut - encore très informel - d'incontournable du clan Tzimisce lui permettant de sortir certains Néonates et Parias de situations difficiles. Elle s'arrangea pour effacer des comptes à rendre, pour se faire des alliés parmi ceux que tous méprisaient.
La Camarilla s'enfonçait, s'entre-déchirant, et elle, buvant du petit lait, mit finalement la main sur quelque chose d'intéressant. Elle découvrit que l'un des nouveaux Évêques Tzimisce - un français récemment arrivé - se constituait une armée un peu trop grosse pour une simple garde personnelle. L'opportuniste créature des bas quartiers de Londres avait toujours survécu sans but. Vojislav lui en avait donné un : devenir quelqu'un. Sa haine s’accommodait de cette idée car elle lui servait à prendre sa revanche sur tous ceux qui l'avaient autrefois traînée dans la boue.

Elle reçut d'ailleurs, venant d'Ukraine, dans les années quatre-vingt, un petit portrait miniature de la taille de son médaillon. Le portrait de son amour lointain. Comme pour lui prouver qu'il ne l'avait pas oublié. Comme pour lui avouer également ses sentiments, sans jamais que l'un ou l'autre ne les ait exprimés.
Ce cadeau si cher à son cœur rendit Neal plus hardie encore et elle marchanda plus étroitement avec les Disciples de Seth, qui tenaient le Prince à la gorge à l'insu de la Camarilla.
Enfin, elle eut des preuves contre l'Evêque français grâce à ses contacts et l'emploi pour son propre compte de petites meutes mineures. Ce dernier préparait une tentative d'assassinat sur l'Archevêque, soutenu dans sa tentative de coup d'état par un second Évêque, Toréador Antitribu.

C'était sa chance. En 1987, la tête de Maxwell, Prince de la Camarilla tomba enfin. Et alors que la tour d'argent accusait le coup en accueillant un nouveau Prince bien inattendu, Neal, Ludwina et plusieurs meutes affrontaient les Vozhds des deux Evêques renégats pour protéger l'Archevêque. Usant de sa forme monstrueuse épaulée par ses propres vozhds, créés tout spécialement, elle parvint à juguler la tentative, ayant sapé le soutient des deux Evêques à la racine : auprès des meutes qu'ils employaient et qui auraient dû arriver en renfort.
Le chaos qu'avaient créé les deux traîtres empêcha le Sabbat de profiter de la courte faiblesse de la Camarilla - une aubaine qu'elle n'était pas prête à pardonner aussi facilement - et elle décapita elle-même le second Tzimisce dans sa forme monstrueuse en un combat terrible de deux créatures de chitine, de plus de deux mètres cinquante de haut. Reprenant sa forme humanoïde, délaissant le corps de son adversaire vaincu, elle vit ses meutes alliées et Ludwina maîtriser le second en ravageant son esprit, le réduisant à l'état de légume tremblant qu'il fut aisé de tuer. Neal laissa ses alliés se déchaîner sur les corps, les réduisant en pièce, comme prix tacite pour leur frustration.

L'Archevêque Oswald, pour prix de sa bravoure, la nomma Évêque. Mais l'attaque avait ébranlé ses forces et il souhaitait se retirer du pouvoir lorsqu'ils auraient trouvé un successeur, quitte à ce que cela prenne des années.

La nouvelle Evêque fut fêtée par beaucoup, haït plus fortement encore par d'autres. Mais une nouvelle inquiétante lui parvint : la personne qui avait détrôné Maxwell en le décapitant était une vieille Gangrel d'environ deux cent ans. Une Gangrel qui portait un nom familier pourtant enterré depuis fort longtemps. Enid Chaplain.
Neal Chaplain et Enid... Il lui était impossible de croire à une réalité, elle pensa d'abord à une coïncidence. Comment sa mère, qui l'avait abandonné à neuf ans, aurait-elle pu devenir elle aussi un Caïnite ? Quelle était l'infime probabilité pour que cela se produise ? Lui-même ne devait sa survie au repas du Tzimisce qui l'avait Etreint qu'au hasard ou à la chance. Comment est-ce qu'une putain de Whitechapel pouvait être devenue Prince de la Camarilla, comme un drôle d'écho à son nouveau statut.
Obsédée par l'idée impossible, elle usa de sa forme sanglante afin d'en avoir le cœur net, infiltrant l'Elysium par les égouts - qu'elle connaissait définitivement trop bien - et par les canalisations, se coulant jusqu'à arriver dans les fissures du plafond, caché par le lustre.

La grande femme à la peau d'une pâleur maladive, percluse de tâches de rousseur et des marques de la vérole, aux cheveux si blonds qu'ils en paraissaient blanc lui était familière. La forme de son visage, ses cheveux... Ils avaient l'exacte couleur de ceux du médaillon, disparus avec le temps. Elle était seule dans le bureau, avec son air éternellement blasé, pieds-nus, ses vêtements légers dévoilant un corps âgé, sec et maigre. Quelque chose en Neal reconnu sa mère. Le petit garçon aux souvenirs imparfaits mais assez précis pour lui permettre de se rappeler d'elle, pour sentir confusément que c'était sa génitrice qui se tenait là. Celle-là même qui avait un jour cessé de payer et avait fait qu'on l'avait vendu à un tanneur pour quelques pièces.
La Tzimisce aurait pu reprendre forme, combattre et vaincre peut-être le Prince de la Camarilla. Mais quelque chose retint son geste. L'impression que cela ne vaudrait rien, car elle ne saurait même pas qui elle était. L'impression que ce ne serait pas "à la loyale".
Alors le sang remonta par le chemin inverse, reprenant forme à quelques pâtés de maison. L'Evêque savait qu'elle venait d'épargner le Prince ennemi. Mais elle savait aussi qu'elle l'affronterait un jour et que cette fois, elle ne lui laisserait pas la chance présente. Elle l'anéantirait, mère ou pas. Elle l'avait abandonné. Et elle-même n'était plus vraiment Neal.

Elle reprit son existence, au service de l'Archevêque. Parce qu'elle était l'enfant du Sabbat et qu'elle ne trahirait jamais ceux qui l'avaient autrefois guidé.


Dernière édition par Neal Chaplain le Ven 28 Juin - 21:28, édité 1 fois
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